Mon Equipe
Chères Lectrices,
Chers Lecteurs,
Quel plaisir de vous
présenter aujourd'hui mon équipe et quelques passages de son
histoire.
Pourquoi
« plaisir » ?
Parce que la décrire
m'a permis de mieux en saisir les fonctionnements et j'ai trouvé
l'exercice réconfortant.
Ce sujet s'est imposé
à moi alors que je préparais une conférence « Poser des mots
sur nos maux » avec en introduction « ton corps est ton
ami, il te prévient : quelque chose ne tourne pas rond dans ton
fonctionnement global ! Il te parle en une langue que tu puisses
comprendre. Examine ton problème... ».
Et là, « la
lumière fut ! ».
Je dois d'abord
expliquer la communication entre moi et moi.
Évoquant mon sujet
auprès de quelques clientes, je me suis aperçu que peu de personnes
prennent appui, en conscience, sur leur équipe.
Mon équipe a
toujours œuvré ardemment dans l'ombre, indifférente à ma
non-reconnaissance de ses efforts constants pour me maintenir en vie.
Pourtant j'ai toujours pensé que nous étions plusieurs en moi, ne
serait-ce que par ma taille. Et puis, je ne parvenais pas à avoir la
même attitude avec mes amies qu'avec ma sœur que je considère, en
plus, comme une amie. Il en est également ainsi pour vous. Votre
mode de communication varie selon que vous vous adressez à un
commerçant, votre médecin, vos parents, vos enfants !
J'aurais pu me rendre
compte que mon cerveau n'était pas seul aux commandes, c'était une
évidence !
Vers mes 26 ans,
j'étudiais diverses techniques de développement personnel dont
l'astrologie et pourtant, chemin faisant, je suis passée à côté
du déclic. Ce n'est pas faute d'avoir rencontré les bonnes
personnes ! Gratitude à la finesse de mon professeur
d'astrologie, Zipporah Dobyns, grâce à qui j'ai pris conscience que
certes mes parents m'avaient « mise au monde » mais
c'est aux détours de mes études, qu'un beau jour, je me suis
réveillée en vie et oh sublime révélation ! Je pouvais
choisir de prendre telle ou telle direction.
A cette époque, je
me voyais touriste de l'existence et tributaire des concours de
circonstances extérieures, incapable de construire quoi que ce soit,
alors que j'étais autonome, étudiais, travaillais, rencontrais,
participais, créais... Mon équipe veillait à réajuster
l'équilibre pour en permanence me maintenir en zone sécurisée !
Mon équipe a connu
des mouvements divers et variés, s'est enrichie, s'est appauvrie, a
remonté la pente, plongé dans des rapports de force, des
rébellions, des guerres de territoire, des déclassements, des
exclusions et des cooptations aussi.
Rien n'est jamais
acquis, tout est mouvement au gré de mon évolution globale. Ces
cercles sont des groupes formés à partir d'affinités. Je préfère
le mot « cercle » au mot « groupe ».
Le premier
cercle : mon corps, mon mental, mes envies.
Ce sont mes proches,
mes adorés, mes favoris, ceux avec qui je communique le plus. Ils
sont là, s'expriment, me parlent à moi, spontanés, francs,
directs. C'est des fois rude, violent, escarpé. Mon corps manifeste
ses désapprobations par des douleurs, mon mental sombrent, mes
envies s'éclipsent, rarement tous au même moment, heureusement.
Ensemble, avec
d'autres cercles, nous retrouvons un équilibre.
Mon corps accueille
tout mon être. C'est un rassembleur, un intercesseur, un diplomate,
un négociateur, le baromètre de l'équipe. Je l'adore, le dorlote,
le maintiens en forme.
Ça n'a pas toujours
été le cas. A 45 kg de plus que maintenant, je me le suis trimballé
pareil à un boulet. Je suis née bibendum et ai vécu emprisonnée
dans ce corps lourd, surchargé de gras, agressé par de multiples
régimes jusque l'âge de 25 ans. Mon équipe, sous l'emprise d'une
hiérarchie dictatoriale ne connaissait aucune rébellion. Mon corps
informe, camouflé dans des vêtements amples, dressé à la
soumission, gobait tout ce qui passait. J'étais un tube digestif,
une vivante passive, un genre d'aspirateur qu'on branchait,
débranchait, rangeait ou laissait traîner, selon les perspectives
de la journée. J'engloutissais tout physiquement, moralement,
émotionnellement.
Fini tout ça. Il
nous a fallu un autre quart de siècle pour parvenir à stabiliser
mon poids Je garde, de cette longue révolution, une peau molle et
fripée par endroit, mémoire d'une lente et longue métamorphose.
Mon équipe actuelle, fière de son histoire, se réjouit chaque jour
du dynamisme de son corps.
Mon mental part
souvent dans tous les sens et c'est super. L'important pour moi
c'est, dans ce qui peut apparaître comme un fouillis, de m'y
retrouver sans avoir à traverser un désert, un vide. Ayant passé
une grande partie de ma vie en mode obsessionnel, être en mesure de
changer de registre lorsque mon mental tourne en rond style tornade
dévastatrices, c'est le bonheur. J'adore la diversité, passer d'un
sujet à l'autre, d'une activité à une autre et là je dis merci à
mon travail de m'avoir appris à cultiver l'adaptabilité, la
souplesse. Je retrouve mon unité, mon équilibre quoi qu'il arrive
ou n'arrive pas. Je dois à mes activités professionnelles, mes
aptitudes à l'attention, l'écoute, l'analyse, l'intuition,
l'organisation, la formulation concrète et logique.
Mes envies meublent
mon emploi du temps. J'aime tout ce que je fais. Rien n'est une
contrainte. Il m'arrive de préméditer mon coup, de me conditionner
pour trouver un espace plaisant là où aller n'est pas un choix
personnel, concessions relationnelles obligent. Un jour, j'ai décidé
d'apprendre à trouver un attrait à toute situation. Ce jeu
distrayant, souvent instructif me permet de voyager dans d'autres
univers. A mes yeux, chaque individu est un univers en lui. Je voyage
à moindre frais, à moindre fatigue....
Le deuxième
cercle : la peur, la culpabilité, l’auto-flagellation, le
sacrifice, l'ego, l'auto-bienveillance, l'équilibre, le choix.
La peur est
omniprésente dans ma vie, bien qu'à des degrés moindres avec
l'âge. Intellectuellement, je sais que ces peurs n'ont plus de
raison d'être pour la plupart. Du coup, elles ne s'adressent plus à
mon mental, elles préfèrent écraser mes envies. Mon corps aime
trop les défis, il prend connaissance agit ou réagit.
La culpabilité
maintient en moi, toujours prêts pour un top départ, des interdits
idiots. Aujourd’hui, je les trouve idiots, à l'époque, ils
étaient une évidence. Je me revois m’interdire de nombreuses
opportunités par manque de confiance en ma capacité à créer une
continuité, un meilleur environnement de vie pour moi.
J'ai quelques
regrets, je l'avoue parce que j'aurais pu.
Les opportunités
sont revenues sans relâche ; certains membres de mon équipe
les attiraient, sous différentes formes. Au lieu de les saisir, je
chaussais mes œillères et suivais le sillon bien tracé de mes
habitudes.
Maintenant, j'éloigne
la culpabilité par des « je m'autorise » lorsque c'est
là, à ma portée et que j'en ai envie. Pourquoi m'en priverais-je,
maintenant que me créer un environnement plaisant est à ma portée.
Honnêtement ça ne marche pas toujours et pas pour tout... Et pour
cause, la culpabilité est comme un os porteur dans ma charpente.
Enlevez un mur porteur d'une construction... Vous le remplacez par
quoi pour maintenir debout l'édifice ? Une copie quasi
conforme ? On enlève un mur porteur dans une restructuration
globale....Pas seulement pour agrandir un espace !
La peur et la
culpabilité cultivent l'auto-flagellation et le sacrifice. Dès que
je sors de la zone balisée par le devoir et les normes de respect
inscrites en moi, ces saboteurs prennent les rênes et la direction
des compulsions, des erreurs et du mal-être. Ils ont, hélas, la
puissance de malmener mon 1er cercle !
Le sacrifice, à ma
connaissance, ne procure ni plaisir, ni soulagement pour personne, il
en est de même pour se miner pour les autres. Montrer l'exemple se
révèle plus productif.
Mon ego s'est
manifesté dès mon plus jeune âge par une mise à l'écart, liée à
mon physique. S'en est suivi une forme d'abandon de moi de plusieurs
années. Puis, une remontée progressive et passionnante poussée
par : « tu n'es pas là que pour vivre la vie des autres,
sois toi ! » , j'ai osé, un peu plus souvent, prendre le
coche quand il passe plutôt que de tirer la charrette. Mon ego
enfile, de plus en plus souvent, la combinaison de la fierté. Ça
lui va bien.
L'auto-bienveillance
fut au cœur d'une crise existentielle, d'adolescence très tardive.
Invitée à vivre loin des miens, j'ai voyagé, étudié, me suis
rencontrée. J'ai appris à compter sur moi et ça fonctionnait assez
bien ; à privilégier mes attentes et je fus surprise d'en
avoir plusieurs. J'ai compris que pour recevoir, il me faudrait
accepter de prendre, plutôt que m'efforcer de mériter et qu'en
matière d'affection, de bienveillance, en m'en donnant à moi-même
souvent, je finirais par discerner et éconduire, venant d'autrui,
l'affectif/manipulation/maltraitance pour de l'affectif bienveillant.
L’équilibre est
constant. Lorsque je dis « je cherche mon équilibre »
cela signifie : « je veux changer d'équilibre ».
Dès que j'ajoute un élément dans ma vie, il me faut réajuster
l'ensemble. Lorsque j'ai voulu plus d'amour, il m'a fallu comprendre
mes représentations affectives ! J'ai encore du boulot pour
parvenir à bouger mon équilibre en la matière ! J'exagère,
il a déjà pas mal bougé... Je ne me refais pas, je veux toujours
plus !
Dans une certaine
mesure, j'ai le choix ! Si, par exemple, la météo annonce de
la pluie, je ne pourrai pas y échapper si je reste ici. Par contre
je peux choisir d'en profiter pour un grand ménage, mettre à jour
mon administratif, écrire.... Ça a l'air stupide comme exemple, oui
et non ! C'est applicable à tous nos actes : si je me fais
virer, je peux faire quoi ? Après avoir pleuré un bon coup !
Le troisième
cercle : les
joies, les victoires, les échecs.
Chaque nouveau pas
est un challenge quand il me rapproche de la victoire. Le cri du
cœur : j'ai réussi, j'ai fait du bon boulot..., encore
aujourd'hui peut convoquer la culpabilité. La joie prend sa place
lorsque le « je m'autorise » écrase l'auto-saboteur,
l'auto-flagellant enveloppant ma victoire. A ce jour, je ne sais pas
comment banaliser la victoire.
En attendant, mes
joies me donnent la pêche et cet élan je le partage avec le plus
grand nombre.
Mes échecs me
rassurent, ne déclenchent aucun rappel à l'ordre culpabilisant, Ils
m'offrent la perspective de futures victoires. Je ne vois que cela
pour justifier leur nombre...
Quatrième
cercle : l'amour, la volonté, la confiance en autrui, la
générosité.
L'amour, pour des
raisons personnelles de sécurité, joue un rôle de miroir. J'aime
quelqu'un, quelque chose, quelque part, parce qu'en sa présence, je
m'aime, je me sens bien , je libère des côtés de ma nature qui me
plaisent, que j'apprécie et inversement.
La volonté stimule,
encourage tant que je lui obéis. A la moindre faiblesse, la
culpabilité prend le dessus armée de ses puissants saboteurs.
La seule personne en
qui j'ai confiance, c'est moi ! Personne ne peut me décevoir,
ce serait à moi-même que j'en voudrais d'avoir espéré, attendu
quelque chose de quelqu'un qui n'est pas en devoir de me le donner.
Lorsque je donne
quelque chose à quelqu'un, la première personne à qui je fais
plaisir, c'est moi. Autrement je suis dans le sacrifice.
Cinquième
cercle : les gens, l'environnement.
Les rencontres,
revoir les gens me passionnent. J'adore le partage d'un ressenti,
d'une émotion, d'une expérience, l'intimité des confidences. Qu'il
s'agisse d'un échange ou d'une écoute à sens unique, c'est
toujours un bon moment, une découverte, une visite d'un autre monde,
d'une autre vie que la mienne. Tout m'intéresse, me touche, réveille
ma compréhension, me ressemble. Certes, j'ai parfois du mal à
comprendre comment et en quoi. Pourtant je reste persuadée que je
suis ce que je vois...
Ma perception de mon
environnement, de la vie locale, de ce qui m'intéresse dans la
société, m'en dit également long sur qui je suis. Je reste
attentive à mes ressentis.
Sixième cercle :
les croyances, la nature, la confiance en la vie.
Mes croyances créent
ma réalité. Mon équipe a des priorités et des valeurs qui lui
sont propres et il en est de même pour tout un chacun, d'où
quelques difficultés de communication. Il m'arrive d'interrompre une
conversation par : on parle d'autre chose ? Et
généralement je lance un autre sujet qui s'il ne plaît pas à mon
interlocuteur aura pour réponse : « tu ne t'intéresses
qu'à toi » ou quelque chose dans ce genre....Je suis ce que je
vois....
La nature, ses
énergies sont mon plus grand soutien. C'est une constatation. Après
une grande balade en montagne tout va mieux, même si j'en ai profité
pour ressasser, des heures entières, toute mon amertume.
A l'heure actuelle,
je pense que la vie est. Elle est. Sa dimension dépasse mon
entendement. J'ai confiance en la puissance créative et bien plus
depuis ma lecture des accords toltèques de Don Miguel Ruiz.
Si vous le souhaitez,
nous pourrions examiner ensemble votre équipe...
Bien à vous, Aline
Kestenberg
**************************
Revenons au mercredi 18 septembre 2019, 1ère journée internationale du Pardon.
Pas
facile de pardonner, qu'en pensez-vous ?
« Je
pardonne mais n'oublie pas » ; « Je pardonne mais ne
veux plus croiser cette personne ». Pardonner ou ne pas
pardonner, dans ces conditions, revient au même. L'ombre de ces
moments pénibles reste omniprésente. Notre tentative de pardonner
se solde par des aigreurs et un mal-être intérieurs.
Que
dit le Larousse à propos du pardon : « Fait de
ne pas tenir rigueur d'une faute... ». Pardonner gommerait
toute trace de méfait et donc de notre souffrance. Nous accepterions
de reprendre des relations, avec ces monstres, comme s'il ne s'était
rien passé.... Dur, Dur ! Au fond de moi, je sais bien que la
haine subsiste.
J'ai
pensé et testé une autre option. Que diriez-vous de se pardonner
soi-même ?
« Je
me pardonne de ne pas parvenir, ou d'avoir définitivement renoncé,
à pardonner ces monstres qui m'ont abusée, maltraitée... J'en
passe et des pires... ». Dans la foulée, je me
pardonne également ma naïveté, mes faiblesses.... Plus facile
alors, de s'autoriser à vivre dans la joie, le courage, l'estime de
soi et la confiance face à ces monstres ! Aline Kestenberg
Prends
en considération le lien entre extérieur et intérieur, par
exemple la pollution : ne te sens-tu pas polluée intérieurement
par des désirs multiples parfois contradictoires, des accumulations,
des tentations, des absences qui t'empêchent de te sentir bien,
aimée, d'aimer aussi ? Comment recycler, dépolluer, ou encore
carburer à autre chose que la torture, l'auto-sabotage ?
Comment mettre un terme à toute cette pollution... AK
« À un certain moment, on ne
supporte plus l’addiction aux causes de la souffrance. Quand un oiseau
s’échappe de sa cage, on ne peut pas dire qu’il renonce à sa cage, il s’en libère.
Que la cage soit en fer ou en or ne change rien à l’affaire. ». Matthieu Ricard
Une brève
histoire de l'Evolution... L'univers et la
matière - Syti.net www.syti.net/Universe.html
"Prenons les six journées de la Genèse pour représenter ce qui, en fait, s'est passé en quatre milliards d'années. Une journée égale donc environ 660 millions d'années.
"Prenons les six journées de la Genèse pour représenter ce qui, en fait, s'est passé en quatre milliards d'années. Une journée égale donc environ 660 millions d'années.
Notre
planète est née le lundi à zéro heure.
Lundi,
mardi, et mercredi jusqu'à midi, la terre se forme.
La vie
commence mercredi à midi et se développe dans toute sa beauté organique pendant
les trois jours suivants.
Samedi
après-midi, à quatre heures, les grands reptiles apparaissent. Cinq heures plus
tard, à neuf heures du soir, lorsque les séquoias sortent de terre, les grands
reptiles disparaissent. L'homme n'apparait qu'à minuit moins trois minutes. Le
Christ nait à un quart de seconde avant minuit. A un quarantième de seconde
avant minuit, commence la révolution industrielle...
Il est
maintenant minuit, samedi soir, et nous sommes entourés de gens qui croient que
ce qu'ils font depuis un quarantième de seconde peut continuer
indéfiniment."
David Brower
«Un jour, on demanda à Michel-Ange
comment il avait réalisé sa Pietà ou son David. Il répondit qu'il
se contentait d'imaginer la statue déjà présente dans le bloc de marbre, puisqu'il le taillait pour découvrir ce qui s'était toujours trouvé là. La
merveilleuse œuvre d'art, déjà créée et existant de toute éternité, n'attendait
que le moment d'être révélée.
De même, le grand personnage qui se trouve d'ores et déjà en vous est prêt à apparaître en plein jour. Chacun de nous porte en lui les graines de la grandeur. Les "grands" n'ont rien de plus que les autres: ils se sont simplement débarrassés des nombreuses entraves qui les empêchaient d'exprimer le meilleur d'eux-mêmes.»
– Elisabeth Kübler-Ross
De même, le grand personnage qui se trouve d'ores et déjà en vous est prêt à apparaître en plein jour. Chacun de nous porte en lui les graines de la grandeur. Les "grands" n'ont rien de plus que les autres: ils se sont simplement débarrassés des nombreuses entraves qui les empêchaient d'exprimer le meilleur d'eux-mêmes.»
– Elisabeth Kübler-Ross
«La vie, c'est comme une bicyclette, il
faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.»
– Albert Einstein
– Albert Einstein
« La
pensée positive c’est bien, l’action positive c’est mieux »
- Zipporah Dobyns
« Lorsque la lumière brille de
l’intérieur, nous ne pouvons plus rester dans l’ombre »
Bien à vous, Aline Kestenberg
Le libre arbitre !
« Que faites-vous du libre arbitre ? » me demande-t-on fréquemment, principalement lors de conférences.
Belle question ! A laquelle nous pourrions réfléchir ensemble.
Voyons l’expression en elle-même :
Arbitre : personne chargée de faire respecter le règlement, les règles du jeu.
Libre : liberté de choisir, choix personnel.
Cette expression dit qu’en chacun de nous est un « arbitre libre » non obligé de se conformer à une quelconque normalisation, applicable à tous et pour tous.
Notre libre arbitre, c’est en somme un arbitre qui a une bonne connaissance de notre règlement intérieur. L’élaborateur et le gardien de ce règlement, sont notre conscience tranquille.
Quelques soient nos agissements, notre arbitre personnel s'applique à maintenir notre conscience sereine, éloignant avec ses moyens, toute possibilité d’enfreindre ses principes. Cette conscience s’élabore exclusivement à partir de notre perception personnelle de la réalité. Cette réalité est enrichie de ce qui nous reste de notre éducation et notre compréhension des lois de la nature et de celles de la société.
Voyons avec un exemple : Si pour une personne, le succès c’est de l’orgueil : au moindre succès, carton rouge ! Le carton rouge se manifeste alors par un revirement désagréable de situation et la route au succès est barrée. La déviation nous irrite, nous nous perdons, enfin bref, la sensation d’impasse n’est pas loin.
Autre exemple : Si nos références affectives ancrées au fin fond de notre être émotionnel sont associées à des sensations douloureuses, des souvenirs de parents malheureux, d'expériences amicales de notre enfance décevantes, d’amours bafoués, des mémoires d’abandon encore sensibles, notre carton rouge se manifestera par des difficultés à rencontrer les bonnes personnes avec qui nous aimerions partager notre vie. Bien sûr, nous n’avons pas l’impression d’être affectés par des expériences passées ou présentes, désagréables. Le passé, c’est le passé, et je ne ferais pas les mêmes erreurs, se dit-on. Nous avons l’impression de tout simplement vouloir accéder à une vie normale que tout être humain est en droit d’avoir, à savoir vivre avec quelqu’un, possédant toutes les qualités auxquelles nous aspirons, au sein d’un groupe.
Le fait même que ce ne soit pas notre présent, ou que nous ne sachions pas comment cette situation agréable pourrait survenir dans un futur proche, indique une contradiction entre un désir, au devant légitime, et notre règlement intérieur vis-à-vis de ce désir. Un cas de conscience pour notre législateur intérieur qui pour le moment brandit le carton rouge.
Comme tout joueur face à un arbitre, le carton rouge en main, nous réfutons la faute !
Pour aller de l’avant dans ce cas de figure, il convient de revoir les fondements de notre législation interne. En ce sens, notre thème astral est un excellent outil pour comprendre nos lois intrinsèques puisqu’il décrit notre propre perception de la réalité.
En conclusion, l’astrologie soutient le libre arbitre via l’apport de compréhension et des possibilités d’actualisation du libre arbitre.
Bien à vous, Aline Kestenberg
12/12/17
Passerelle temporelle
A qui veut passer à autre chose….
Aussi fascinant qu’impalpable, ce passage dans le monde des
possibles, est là pour tout un chacun. Encore faut-il le savoir.
Cette passerelle se situe entre notre passé et notre
avenir.
Sépare-t-elle vraiment deux sphères si différentes ?
Pour la plupart d’entre nous, non, hélas.
Pourtant nous aimerions. Ce serait tellement bon de vivre
autrement… Quel est donc la nature de l’obstacle ?
Notre formatage.
Nous voyageons plus ou moins bien sur les rails de notre
vie et hésitons à sauter du train-train en marche.
Pourtant, dès notre plus jeune âge, nous apprenons à nous
adapter. C’est une question de survie. D’ailleurs, comme le monde est bien
orchestré, afin de maintenir en forme cette faculté, chaque jour apporte son
lot de points d’interrogation : la météo, une machine en panne, une grève,
se sentir aimé, protégé, notre humeur et celle de notre entourage, la violence,
nos aspirations, nos déconvenues, les affres de la vie, l’imprévu, etc... Et là, souplesse oblige !
Le piège c’est la répétition.
Les ajustements à force d’être répétés se transforment en
habitudes, puis en réflexes.
Nous le savons, notre discernement, notre raison n’ont pas
accès à nos réflexes. Par contre nos réflexes impactent nos sens, nos organes
et toutes nos cellules.
Des cellules, nous en avons beaucoup, c’est de l’ordre de
plusieurs centaines de milliards. Oui, cela fait du monde à convaincre, à
stimuler surtout vis-à-vis d’un changement.
Nous devrions leur montrer un peu plus d’égards, elles sont très
puissantes et réactives, en cas de désaccord elles débrayent, dysfonctionnent,
engendrent du mal être, du stress, une humeur en dents de scie, voire des
maladies.
Une des causes de la débâcle intérieure résulte de nos automatismes
obsolètes et encore en faction, comme par exemple, bon nombre de nos peurs. La
peur, dont nous ne réalisons pas l’amplitude du déploiement, paralyse notre
bonne volonté.
Notre intelligence perspicace, use alors de traitements de
choc pour provoquer des modifications de trajectoire : les déclencheurs de
remise en question existentielles.
-
Les périodes de crise,
maladie, chômage, séparation, deuil…
-
Les périodes très
heureuses de rencontre, naissance, fêtes, vacances, travail, gain, coup de bol,
bonnes idées…
-
Les bonnes
résolutions.
Défaut de mémoire.
Malgré une motivation de belle taille, le doute, aux
aguets, parvient à se faufiler avec sa harde de « oui, mais… peut-être
que… »… Panique à bord…. De plus, nous ne trouvons aucun soutien pour
maintenir la barre dans la direction du nouveau cap. Et pour cause !
L’altération de notre rythme « habituel » a eu des répercussions
indésirables sur l’équilibre de notre entourage qui n’avait rien demandé. Notre
environnement subit et réagit en mode rouleau compresseur pour éviter la
contamination d’une quelconque influence. Il est tout content de nous voir
flancher et revenir dans le rang, au bercail.
Merci d’être venue, chère nouvelle expérience, bien essayé
mais pas de place pour l’innovation, alors circulez, plus rien à
voir !
Cherchons l’erreur.
Le plus souvent, hélas, notre ambition, (de l’ordre
de : « je veux plus de…. Ou moins de… »), puise sa consistance
dans la jungle de notre passé. Donc, nous voilà en posture bûcheronne,
empoignant la scie, fort de notre détermination. Nous tirons, repoussons encore
et encore, nous tirons sur la bonne volonté, repoussons la tentation jusqu’à
mettre en pièces nos mauvaises habitudes…
Ont-elles disparu pour autant ? Non, elles sont toujours là
!
L’attitude « on ne m’y reprendra plus », ne vaut
pas mieux. Malgré un démarrage parfait, la suite semble emboîter le pas vers
pire. En dépit du changement de décors, des nouveaux personnages, les mêmes
dilemmes et situations ressurgissent. L’attitude n’a pas vraiment changé.
Ne baissons pas les bras, la solution, c’est l’attitude.
Toutefois, l’attitude dépend beaucoup de notre perception du monde. Pas simple !?
Mais intéressant de creuser !
Comment provoquer le fameux « déclic », le grand
Sésame de l’ouverture ?
Peut-être qu’en étant déjà dans l’ouverture, ce serait plus
facile d’appréhender ce qui bloque ?
Prenons l’attitude de la personne que nous voulons être et
là nous saurons. Entrons en négociation avec nous-mêmes pour trouver des
solutions là où ça coince.
L’instant présent devient un magnifique présent parce
que
Tout commence
maintenant !
Je suis disponible si vous souhaitez des précisions….
Bien à vous et à bientôt, Aline Kestenberg
18/11/16
Les
fiançailles….
Avertissement : Ecrire ces nouvelles m’est un
divertissement et un support de réflexion. Les
personnes et les situations sont fictives.
D'autres pages "onglets" sur
ce blog sont entièrement consacrées à l'astrologie.
F – Bonjour Justine ? C’est Florian.
J – Bonjour mon petit frère adoré, que
me vaut le plaisir de si bonne heure ? Tu hésites encore entre deux
cravates ce matin ?
F – Arrête, ce n’est pas le moment.
J – Mince, excuse, rien de grave au
moins ? Non, les parents m’auraient déjà avertie, ils m’appellent pour un
oui, pour un non ces jours-ci.
F – T’inquiète, tout va bien, enfin, je
ne suis pas si sûr. Quelque chose de très simple, de très heureux, j’en parle
aux parents et tout se complique.
J – Je comprends mieux, ils voulaient
savoir si je savais ce que tu vas me dire… Alors dis-moi de quoi
s’agit-il ?
F – Voilà, j’ai demandé la main d’Audrey,
la date des fiançailles est fixée au dernier dimanche de novembre. Cette date
leur convient et vous ?
J – Waouh ! Bien sûr que cette date
nous convient. Félicitations frérot ! Alors, tu t’es déclaré et dans les
règles de l’art, j’imagine… Restau, un genou à terre, le grand jeu, comme dans
un film ! Elle, toute émue, intimidée, heureuse, une petite larme
peut-être ? C’est chou ! Tout le monde a dû vous applaudir.
F – Oui, dans les grandes lignes c’est
ça. J’avais l’air d’un c… Heureusement que vous n’étiez pas là !
J – Dommage tu veux dire ! Les
parents vont enfin pouvoir lancer leur Sardounette qu’ils chantonnent à chaque
nouvelle conquête que tu daignes leur présenter, tu n’y échapperas pas. Je les
entends déjà répéter en cœur « On vient de marier le dernier… ».
Alors quel est le problème ?
Qu’est-ce qui préoccupent les parents ?
F – Tu es le pilier de la famille !
Ils attendent tes impressions.
J – Dur dur de maintenir aussi les
fondations sur lesquelles j’ai grandi, mais bon passons…
Tu as demandé sa main à son père ?
F – Oui, comment tu sais ?
J – C’est l’ordre classique de ce qui
précède !
F – Je sais, tu trouves ça ringard mais
Ma Fanfan aime et son papa aussi, ils ont du mal à couper. J’aimerais, je
préférais, enfin si je pouvais ne pas me le mettre à dos ce serait mieux. Il a
un bras très long.
J – Aïe ! Le pauvre, que du sur
mesure !
Je te trouve bien soucieux pour
quelqu’un qui se fiance. Ton Audrey t’aime, alors son papa est certainement
très heureux ! Elle a de la chance Fanfan de t’avoir trouvé.
Donc tu l’appelles « Fanfan »,
comme « Fanfan la tulipe » ? Charmant et original…
F – Arrête ! Ça m’a échappé.
Fanfan comme un petit Faon, son père
l’appelle « Ma Biche ». Je prends le relais du grand cerf protecteur,
je ne remplace pas. Elle est un peu nerveuse, se pose un tas de questions, elle
me met carrément la pression, m’appelle plusieurs fois par jour et s’attend à
ce que je lui réponde sur le champ ou la rappelle tout de suite.
Si je te fais rire, tant mieux !
Ils sont comme nous, très famille, mais
un autre genre. Elle n’arrête pas avec ses « mon Père » par-ci, « mon
Père » par-là, 27 ans quand même. Bon enfin, c’est comme ça pour le moment
et ça passera parce que tout passe, comme tu le dis !
Son père tient au déjeuner de fiançailles
en famille chez eux. Ils ont un grand jardin, dont ils sont très fiers. Audrey
n’est jamais venue chez les parents, je les ai invités une fois pour qu’ils la
rencontre. Maman en avait assez du défilé, elle s’attache trop et préférait
attendre un engagement pour la prochaine.
J – Oui, je sais.
F - J’appréhende un peu. Je compte sur
toi pour m’aider à ce que tout se passe bien avec tout le monde de chez nous
surtout chez eux, enfin non, tout le temps.
J – Bien sûr mon Frérot adoré, tu peux
compter sur moi, relaxe. Combien de personnes ?
F – C’est réservé à la famille proche :
Les parents, les grands-parents, les frères, sœurs, leurs conjoints et leurs
enfants, Audrey et moi.
J – Les animaux domestiques sont
autorisés ? Caroline ne voudra pas laisser son chiot tout seul toute la
journée, mais ne t’inquiète pas, elle ne le lâche pas d’une semelle. Et puis, elle
s’est beaucoup calmée depuis que tu as eu cette idée merveilleuse de lui offrir
cet animal. Ne t’inquiète pas, il est propre maintenant et si on le surveille
il ne s’en prend plus aux pieds de chaises. Mais comme je te dis, en dehors de
la maison, elle ne le lâche pas d’une semelle, trop peur qu’il s’empoisonne ou
qu’il se roule dans des textures collantes et nauséabondes, ce qui me met hors
de moi et personne n’aime que je sois en colère alors tout le monde l’a à l’œil
et il est tellement mignon et rigolo, pas de problème. J’imagine bien que ce
doit être nickel chez ta belle famille, mais une poubelle renversée et hop, il
se vautre et il sait renverser les poubelles, hélas. Bon passons à autre chose.
Je suis certaine que les parents
auraient préféré un déjeuner au restaurant de Lucile.
F – Je sais, mais bon, ils acceptent de
venir.
Je vais me renseigner pour le chiot, ils
ont un chat mais c’est vrai Caroline a vraiment changé.
Bon, autre chose, si tu pouvais les briffer
elle et mémé afin qu’elles évitent les chansons paillardes au dessert, ce
serait bien.
J – Tu plaisantes ? Je te laisse le
soin d’expliquer la chose à mémé.
F – Pourquoi ?
J – Parce que c’est son idée à elle pour
se rapprocher de son arrière petite
fille. Reconnais le, elles sont rigolotes toutes les deux dans leur duo
inter-génération.
F – Tu vas leur demander ?
J – Oui, mais bon, elles oublieront,
mais t’inquiète ça plaira à ta belle famille. Tout le monde en redemande.
Bon alors comment tu organises, comment
t’aider ?
F – Le père d’Audrey se charge du repas. Je vais voir avec lui pour
prendre le vin et m’arrangerai avec Papa et Maman qui tiennent à participer.
Ils sont un peu contrariés qu’il n’y ait pas une rencontre préalable qu’ils
puissent voir directement avec eux comment s’organiser et les décider à venir
chez Lucile.
J – Je les comprends. Mais attend, tu veux
dire que ta sœur Lucille, chef d’un restaurant une étoile ne cuisinera pas le
repas de fiançailles de son frère adoré ? Elle ne va pas du tout aimer. Tu
lui expliqueras que ça n’a rien à voir avec ses ris de veau à l’ancienne
qu’Audrey n’a pas daigné goûter.
F – Tu recommences ! Je stresse et
t’en rajoute !
J – Mais non, nous serons tous ravis de
rencontrer ta belle famille. C’est toi qui mets la pression là.
F – Tu penses bien que j’ai proposé à
Audrey un dîné préalable avec les parents mais elle dit que son père ne voudra
pas. Je lui ai demandé en direct devant elle et il m’a expliqué qu’il préférait
rencontrer tout le monde d’un coup. Sa lui fend le cœur de voir sa fille unique
grandir et partir vivre sa vie.
J – Tu m’avais dit qu’elle avait trois
frères ?
F – Oui, elle n’en reste pas moins sa
fille unique.
J – Ah oui, d’accord. Bon, autre
chose ?
F – Audrey adore les couleurs pastel,
elle n’impose pas bien sûr, mais des fiançailles couleurs pastel, ce serait
bien, qu’en dis-tu ?
J – Du pastel fin novembre ???
Quasiment après la Toussaint ? Je ne crois pas que ce soit une bonne idée.
De plus, comme tu le sais Michel est à fond sur le tyrolien. Il fait un tabac
avec ton tuyau.
F – Oui, je sais. Mais bon, il sortira
bien du boulot pour une journée, non ?
J – Non, il adore et ne s’habille plus
qu’en Tyrolien.
F – Tu vas essayer de lui
expliquer ? C’est important pour moi.
J – Oui, bien sûr. J’essayerai mais il
va trouver ça bizarre, pas cool du tout…, chiant aussi.
F – Je voudrais que tout soit bien,
aille bien, que je puisse me marier dans les meilleures conditions possibles.
Je te rappelle que pour ton mariage, tu ne voulais pas de ma compagne de
l’époque et que j’avais cédé.
J – Tu avais rompu avant la fête.
F – Ce n’est pas une raison, j’avais
accepté avant de rompre.
J – Tu m’as l’air bien anxieux. Tu es
sûr que ça va ?
F – Non, j’ai peur que mon ex vienne
contacter Audrey. Elle m’en veut encore tu sais.
J – Vous êtes restés en contact ?
F – Non, tu penses bien que non, une
furie pareille. C’est Franck qui m’en a parlé.
J – Pourquoi veux-tu qu’elle t’embête,
elle t’a laissé tomber, depuis au moins quatre ans.
F – Tu ne peux pas comprendre, tu ne la
connais pas aussi bien que tu crois.
J – Nous travaillons ensemble et elle ne
m’a rien dit, pas la moindre allusion. Tu te trompes. Mais dis voir, y’a un
problème, tu me caches quelques chose ? Qu’est-ce qui t’arrive ?
F – Je l’aime, je veux que tout ce passe
bien, que rien, ni personne ne viennent contrarier mes projets, nos projets.
J – Tu es sûr de vouloir partager le
reste de ta vie avec Audrey ?
Ou tu veux juste de caser ? Et au
fond de toi, la bagarre bat son plein ? !
Bien à vous, Aline
18/10/16
Quand
tout bascule ….
Avertissement : Ecrire ces nouvelles m’est un
divertissement et un support de réflexion. Les
personnes et les situations sont fictives.
D'autres pages "onglets" sur
ce blog sont entièrement consacrées à l'astrologie.
Cette jeune femme sur le bord de la
route, cette allure « je n’ai peur de rien », ces traits résolus, ce
regard secret, c’était ma fille…
Le pouce en l’air, non pas du tout son
style, enfin je n’en sais rien. Après tout, qui sait si elle n’aurait pas aimé ?
Qu’est-ce que je me raconte encore, elle
est morte, elle avait seize ans…, dix ans déjà et je divague depuis.
Officiellement c’était un accident. La
voiture l’a fauchée alors qu’elle s’amusait à garder l’équilibre sur la bordure
du trottoir. Sa mère la sommait d’arrêter et en réponse elle riait. Le
chauffeur ne l’a pas vue, il tentait d’éviter un chauffard venant en sens
inverse qui lui se croyait dans une rue à sens-unique…
En réalité, notre fille est morte
étouffée dans l’impasse pavée de bonnes intentions où nous l’avions
conduite : éducation ludo-éducative à l’apparence sympathique complétée d’activités
extrascolaires à la fois distrayantes et éducatives. Les bonnes et très bonnes
appréciations des professeurs nous rassuraient sur ses potentiels, son avenir
et nos choix. Aucun incident de parcours, aucune réclamation, pas le moindre
indice d’insatisfaction, n’étaient venus remettre en question ces fameuses
orientations que seuls ma femme et moi décidaient. Notre fille avançait sereine
sur la route que nous lui avions tracée.
Je me souviens très bien, avoir parfois
douté. Mais bon, changer d’attitude, de direction alors que tout roulait, l’aurait
certainement perturbée. Ses performances scolaires, artistiques et sportives en
auraient pâti. Un désordre incontrôlable aurait succédé à l’ordre dans lequel
nous nous sentions tous bien. Alors pourquoi changer ?
Si elle était restée, peut-être aurait-elle
appris à claquer la porte en hurlant « laissez-moi vivre Ma
Vie ! ». Tout comme elle aurait pu décider, un jour, d’escalader
l’Everest. Au détriment de quoi serait-elle parvenue à dégager du temps et de
l’énergie pour accéder aux conditions physiques et morales requises ?
Quelles concessions avec son emploi du temps, son corps aurait-il été capable
négocier ?
Vers sa douzième année, ses yeux
découvrirent pourtant un autre monde. La télévision, internet et puis, des
élèves parfois plus jeunes qu’elle, s’autorisaient des libertés inimaginables à
ses sens, mais très tentantes. Une fois, je l’ai surprise à clamer gros-mots et
insultes, alors qu’elle se croyait à l’abri des oreilles parentales,
s’était-elle excusée. La violence, la boxe notamment après avoir découvert le
film « Million Dollar Baby » la fascinaient. Notre jogging
hebdomadaire et les sports d’hiver ne lui suffisaient plus. Au lieu de la
soutenir dans ce sport qui aurait pu lui plaire, nous l’avions gentiment
ramenée à la « raison » après quelques séances douloureuses, par peur
qu’elle ne se fasse vraiment du mal et aussi je l’avoue, qu’elle se laisse
influencer par de potentielles mauvaises fréquentations.
C’est là que nous avons loupé le coche,
nous aurions dû croire en son bon sens et l’encourager avec les traditionnels
« c’est le métier qui rentre ! ».
Elle persistait à considérer comme un
échec alors que nous lui disions qu’il s’agissait juste d’une expérience à
laquelle elle avait eu raison de mettre un terme, la vache, question
manipulation, nous n’y allions pas de main morte. Elle a commencé à montrer des
signes d’incapacité à gérer des situations inhabituelles et parfois même à
paniquer comme quand elle a émis le désir d’adopter un petit chien. Après
quelques discussions et bons arguments de sa part, nous avions cédé. Un matin,
en pleurs, elle nous annonça qu’elle n’en voulait plus parce qu’elle n’était
plus très sûre de savoir s’en occuper. Nous tentions de la tranquilliser en lui
rappelant que nous serions là nous aussi, avec elle, mais rien n’y fit et elle
décréta qu’il s’agissait d’un caprice et qu’elle ne voulait plus en entendre
parler.
La peur de l’erreur, de ne pas être à la
hauteur, la tétanisaient.
Je me souviens d’une fête anniversaire
costumée organisée par les parents de l’une de ses amies. Aidée de sa mère,
elles avaient confectionné une variante de la tenue de
« wonder-woman ». Au dernier essayage, elle dit « non »
trop parfait, trop sexy, passée de mode et demande à aller dans un magasin de
location de costumes. Arrivée dans la boutique elle se jeta sur un costume de
sorcière avec une perruque orange, chapeau pointu et un balai. « C’est
parfait, je serai dans les moins beaux ».
Nous étions dépassés. Notre petite chérie
souffrait manifestement de jalousies mais ne voulait absolument pas en parler.
A la sortie de son coma, lorsqu’elle fut
en état de comprendre son état alors que nous n’avions cesse de lui expliquer
que tout peut s’arranger avec du courage et de la persévérance et cela elle en
avait. Elle verbalisait très clairement sa décision de ne pas se battre. Elle
nous avait carrément suppliés de la laisser partir. Nous avons argumenté
plusieurs heures, plusieurs jours.
Extrêmement fatiguée, droguée aux antidouleurs,
branchée de partout, elle ouvrait à peine les yeux. Elle campait sur sa
décision, nous demandait pardon, refusait de s’alimenter ou de boire, arrachant
les perfusions, nous avait informé le corps médical pour justifier les bras
attachés au lit... Nous nous sommes résignés à refuser l’acharnement
thérapeutique.
Quelques jours plus tard, elle déclarait
une septicémie foudroyante.
Très vite nous n’avons plus supporté
tout ce qui nous la rappelait. En proie à une culpabilité écrasante, à des
regrets déchirants, à des reproches violents, ma femme et moi descendions étape
par étape vers l’Enfer. J’ai pensé mériter la prison, au regard de la
manipulation que nous avions exercée sur elle, mais personne n’a porté plainte
contre nous.
Nous avons décidé de nous séparer pour
préserver les quelques moments heureux, encore épargnés, de notre belle
aventure familiale.
A partir de là, le changement fut
radical.
La liberté du choix me pesait,
m’écrasait, choisir de vivre pourquoi, pour qui ? Cette notion de choix,
avec toutes les mauvaises tentations devant lesquelles j’ai été lâche, qui sait
si ce n’est pas ce dont nous avions voulu la préserver ?... Et en fin de
compte, j’ai échoué…
J’entretenais mon calvaire avec
application, me flageolant régulièrement de « j’aurais dû » épineux.
Notamment, j’aurais dû la laisser
prendre d’autres appuis que les nôtres, la laisser découvrir, avancer à son
rythme, la laisser se tromper, tomber, apprendre à se relever, tomber encore,
parfois autrement, de se relever à nouveau, se muscler, discerner par elle-même
ce qu’elle aimait, en peu de mots, la laisser se construire, et vivre en accord
avec ses propres valeurs.
Maintenant c’est trop tard.
Après plusieurs années à attendre mon
dernier souffle sans comprendre pourquoi il tardait autant, j’ai décidé
d’accepter et d’assumer ma peine. J’ai quitté la ville pour m’installer dans un
coin perdu du massif central avec le projet de transformer en habitation un
corps de ferme. Les premiers mois furent très rudes entre les intempéries et
l’apprentissage des métiers du bâtiment. Pour un conseiller en
Fusions-Acquisitions, manier la pelle, la brouette et la truelle c’est tout un
art.
Je meublais les jours, un à la fois,
assez mal d’ailleurs en suivant une liste de tâches à accomplir. Mes récréations
consistaient à surveiller mes placements boursiers, l’une de mes dernières
attaches à un passé exaltant, ma mémoire s’imposant en première ligne. Mais peu
importe, l’argent ne renfloue pas ma pauvreté d’âme.
L’environnement fermier, une trentaine
d’habitations tout au plus, assez espacées ajoutent l’impression de vide. Une
auberge-épicerie-tabac-pmu-radio-cancan centralise la vie sociale du lieu-dit.
Les touristes ne viennent pas, ils
s’égarent croyant prendre un raccourci pour atteindre la nationale alors que
c’est un cul-de-sac, seul un sentier carrossable rejoint la grande route. Des
jeunes viennent parfois proposer leurs services pour quelques mois.
Je me suis arrêté à la hauteur de cette
auto-stoppeuse. De près, c’était encore plus ma fille, sauf qu’elle n’aurait pas
aimé voyager avec un vieux sac informe. Est-ce que les malles et valises haute
couture, lui convenaient mieux ? Probablement pas. Entre ces deux
extrêmes, nous ne lui avions jamais dit qu’il existait un monde immense. Elle a
dû croire qu’il n’y en avait pas. Elle est sortie de la vie par manque
d’options intermédiaires.
Je me rendais à l’auberge pour y prendre
mon déjeuner comme tous les mardis avant le cours d’informatique que je
dispense à mes deux élèves, deux grand-mères assidues. Je l’en informais et me
proposais de l’inviter. Cette ressemblance me troublait. Je voulais savoir qui
elle était et comment elle avait atterri ici. Après son Bac, elle avait trouvé
un job d’été pour ensuite entrer en fac de médecine, un mois après elle
laissait tout tomber pour une année sabbatique pendant laquelle elle souhaitait
rencontrer le monde agricole, rien sur sa famille et rien sur ses amis.
Globalement, j’ai été très maladroit,
« franchement la praline » comme aurait dit ma fille, avec mes
questions relevées de suggestions à peine dissimulées. Elle m’a laissé en plan
ayant à peine touché son assiette. En guise d’au-revoir et merci elle m’a juste
dit « le gavage, très peu pour moi ! ».
Je m’étais adressé à cette jeune femme,
comme à ma fille lors d’un déjeuner où elle m’aurait parlé d’un résultat moins
bon sur un contrôle de math. Cette personne n’était pas ma fille, elle avait
déjà dû entendre mon discours chez elle et ne souhaitait le retrouver dans ce
coin paumé !
Mes conseils avaient déjà fait leurs
preuves, ma fille en était morte. Cette jeune femme cherchait simplement un
boulot logé/nourri avec rétribution et à vivre sa vie.
Je me sentais piteux. Comment avais-je
pu être aussi nul ?
Mon épaule me lançait à nouveau comme à
chaque fois que je m’en voulais, c'est-à-dire quasiment tous les jours. Je
n’avais plus d’analgésiques à la maison mais ne me sentais pas le courage de
retourner en ville. La douleur avait le pouvoir de mobiliser mes pensées alors
ce soir j’allais être servi.
En repartant, je l’aperçus sur le bord
de la route.
Ce n’était pas le bon jour pour trouver
des voitures allant en ville. Le marché c’est le vendredi. C’est la campagne,
les gens d’ici ne vont pas en ville pour un oui ou pour un non.
J’ai vu ma chance papillonner au bout de
son pouce qui s’est baissé quand elle a reconnu la voiture. Je lui ai proposé
ce qu’elle cherchait ou presque, c'est-à-dire de m’aider à restaurer la grange
pour le boulot/nourrie et la rétribution. Elle aurait du temps pour rencontrer
les fermiers du coin. Je lui précisais qu’il était tard, qu’il lui faudrait un
endroit pour cette nuit et que je connaissais une grand-mère qui pourrait
l’héberger. Après une minute de réflexion, elle accepta de voir le chantier et
la grand-mère. Je l’ai conduite chez une de mes deux élèves parce que demain il
ferait jour et qu’il me fallait quelques heures pour sécuriser le chantier.
Tout en lui parlant, je mesurais les conséquences de ma proposition. La nuit ne
serait pas assez longue pour mettre un peu d’ordre.
D’abord jeter toutes les bouteilles
vides et arrêter de boire. En serais-je capable ? C’était dans ma liste
alors pourquoi pas maintenant ? Ensuite m’entraîner à tenir une
conversation sans donner de conseils ? Attendre qu’elle me demande par
exemple ou en ce qui concerne les travaux, lui montrer comment je m’y prends
espérant qu’elle ne me critique pas trop.
La grand-mère, trop contente de la
compagnie, accepta chaleureusement. Je les laissais entre femmes. Il faisait
trop chaud pour moi dans sa meulière et elles allaient prendre le thé, très peu
pour moi. J’avais chaud, j’allais me rafraîchir avec une bonne douche et une
soupe ? Tout à fait !
La vie revenait en moi, j’avais la chair
de poule… Une envie de sourire me surprit, je ne résistais pas.
Je suis cinglé ! Un défi
pareil ! Dans ma condition !...
Et alors ? Pourquoi pas ?
Bien
à vous, Aline
Commentaire : L’auteur de ce commentaire souhaite rester anonyme et me laisse le choix de partager ses réflexions avec vous.
« Votre histoire a réveillé des souvenirs qui n’ont absolument rien à voir avec ce terrible drame mais qui m’aide à voir plus clair sur une partie de ma vie.
« Votre histoire a réveillé des souvenirs qui n’ont absolument rien à voir avec ce terrible drame mais qui m’aide à voir plus clair sur une partie de ma vie.
Je me souviens d’une conférence sur
« l’enfant et les parents intérieurs » après laquelle je me suis
lancée dans un travail sur moi et de la longue période de tristesse qui s’en
suivit et dont j’ai eu beaucoup de mal à me sortir. Je me demande si cette
tristesse, additionnée d’une hyper-susceptibilité assez encombrante, n’étaient pas liée au détachement de la
personne que j’étais avant de m’atteler à ce développement personnel. Je me
souviens qu’à plusieurs reprises il était apparu que je fonctionnais davantage
en accord avec des réactions et certitudes de mes parents plutôt que des
miennes. Avec la prise de conscience, j’ai adopté d’autres comportement plus en
accord avec ce que je voulais de la vie notamment une perte de poids d’environ
30 kg, qui depuis 15 ans ne sont plus revenu. J’étais triste du gâchis, toutes
ces années de jeunesse perdues et de ma vie de femme frustrée, un peu comme ce
père qui regrette ses choix d’éducation à l’égard de sa fille.
Ce n’est que vers 40 ans que j’ai tout
remis en question ».
28/09/16
Amour
quand tu me prends….
Avertissement : Ecrire ces nouvelles m’est un
divertissement et un support de réflexion. Les
personnes et les situations sont fictives.
D'autres pages "onglets" sur
ce blog sont entièrement consacrées à l'astrologie.
En ce dimanche matin d’après fête, enfin
il est presque midi, un rai de lumière taquine la joue de Karine puis un soleil
de bande dessinée hilare se siphonne le front de l’un de ses rayons. C’est bon,
elle émerge, se lève, sans se retourner et file à la salle de bain. Se retourner
équivaudrait à se lover contre son Marco adoré, le taquiner jusqu’à ce qu’il
réclame son café auquel il préférera la prendre dans ses bras, s’en suivraient
des jeux sensuels, un corps à corps sportif, des éclats de rire, oui, tout à
fait et c’est leur recette de la bonne humeur. Notre Karine a plutôt envie d’un
bon bol d’air ce matin…
Depuis quelques jours, des piqûres de
« j’en ai mare » l’irritent. Les massages vigoureux de :
« ce n’est rien ; pense à ce qui va bien ; tu nages dans le
bonheur ; ta vie est belle », ne calment en rien.
Elle s’habille et s’en va.
Dans quelques minutes, quand le bruit du
moteur qu’il adore le réveillera, il calculera l’état des lieux et pètera un
câble : « elle a remis ça ! ». Ces sautes d’humeur, il en a
marre, il le lui a dit. Déjà qu’elle part la semaine pour son travail mais si
en plus elle préfère décompresser seule le week-end, autant se séparer. Il est
comme ça Marco, il a ses limites.
Karine vire, en souplesse, en corps à
corps avec son engin, sur cette route de montage qu’elle connaît bien. La
montagne, elle adore, les couleurs, les parfums, les vaches, la vie puissante,
imposante de la nature, les sifflements stridents des marmottes, face à cette
nature grandiose, ses problèmes sont tout petits. Son calme lui fait peur. Un
petit vent frais lui ouvre l’appétit. Elle repart vers une auberge, s’installe
à la terrasse.
Depuis combien de temps s’efforce-t-elle
de retenir ce qui n’est déjà plus ? Quelques mois, un an ? Elle ne
saurait le dire. Elle l’aimait si fort. Ils s’aimaient si fort… Huit ans déjà…comment
peut-on en arriver là.
Tout a commencé, lors d’une soirée
villageoise, le bal, l’ambiance populaire, une rencontre magique, une attirance
irrationnelle. Ce bellâtre musclé, s’approche, virevolte autour d’elle. Ils
accordent bientôt leurs déhanchements elliptiques. Elle rit, un frisson la
surprend, le grand frisson. Il lui sourit, certain de son effet. Les danses
s’enchaînent, les corps communiquent. Karine en joie, le regarde, il a quoi, cinq
ans de moins qu’elle ? Non, onze et deux mois en réalité ! Légèrement
grisée par quelques verres de vin blanc, elle lui lance comme une
bravade : « je ne couche qu’au premier rendez-vous, à toi de
voir ! ». « C’est tout vu, mais il est encore tôt ! »
lui avait-il répondu. Ça allait se corser, Monsieur aimait jouer.
Effectivement ça s’était corsé, il était
tombé amoureux, très amoureux. De son côté, Karine l’aimait bien. Elle n’était
pas du genre à s’attacher. Alors il a multiplié les occasions de se revoir.
Elle a bien essayé de garder ses distances, mais comment résister aux petits
week-ends en moto, aux petites auberges rustiques, aux restaurants étoilés et
puis l’appel de la chair avait finit par les sangler.
Dès que vivre ensemble s’imposa, une
bonne année plus tard après moult hésitations de la part de Karine, tout son
monde vit la progression de sa métamorphose opérer sans pouvoir agir d’aucune
sorte, pas pour elle mais pour eux parce qu’elle les délaissait. Les
tourtereaux se fondaient dans un amour fusionnel, exclusif, toujours collés
l’un à l'autre à s’enlacer, s’embrasser, se caresser, à se donner en spectacle.
Comment pouvait-on être aussi amoureux, passionné, aussi longtemps ?
Certaines de ses amies se questionnaient. Au bout d’un moment la passion
s’évapore, reste l’amour, surtout lorsqu’on vit ensemble. Des adolescents,
passe encore, mais eux, elle quadragénaire… Trois ans plus tard, comme au
premier jour.
Karine développait une véritable
addiction à son Marco et comme avec toute addiction, plus l’accoutumance
augmentait, plus elle le voulait. Elle qui aimait tant sortir avec ses copines,
se balader en montagne, elle n’avait plus le temps pour qui ou quoi que ce soit
d’autre que son Marco.
Il ne l’enfermait pas sous cloche, non,
elle devenait elle-même la cloche ! Elle frisait le ridicule à déifier son
Marco à la moindre remarque de ses amies. Le monde de Karine a résisté tant
qu’il a pu, mais Marco savait casser l’ambiance quand il était décidé à se
débarrasser d’encombrants.
Ils faisaient la fête avec d’autres, des
nouveaux, des gens peu attachants, juste des copains de bringue. Karine se
détachait de ses proches à leur grand désespoir mais puisqu’elle était heureuse
ainsi, son monde était heureux pour elle.
Après tout ce qu’elle avait vécu….
Adoptée encore bébé par un couple très
aimant, elle découvre la vie, entourée, choyée et évolue comme n’importe quelle
autre petite fille.
Elle a environ six ans lorsque ses
parents lui annoncent un heureux événement à venir, un miracle ! Karine
explose de joie, contrairement à ce qu’ils croyaient. Elle en rêvait, ne disait
rien, par peur de les attrister, de les embarrasser.
Et puis tout bascule…
Dès le 4ème mois de grossesse,
sa maman accuse de gros coups de fatigue. Karine redouble d’attentions,
d’autant qu’elle perçoit une tristesse persistante plomber l’ambiance. Elle s’improvise
comique de service, imite, caricature, tout le monde y passe : voisins,
camarades de classe, l’instituteur, elle-même et ses parents aussi. Elle jubile
et tous rient de bon cœur, mais pas très longtemps.
Elle accompagne son père dans les
magasins, donne son avis. Tous les deux préparent la venue du bébé pendant que
maman se repose. Karine passe tout son temps libre à entourer ses parents.
Un fils, un petit frère arrive…. Père et
fille s’en occupent, la mère se remet difficilement et reste comme indifférente
à l’agitation ambiante. Père et fille s’inquiètent, Karine tente en vain de la
secouer, elles étaient tellement joyeuses d’être simplement ensemble avant,
elle la prend dans ses bras, lui raconte des histoires, voudrait sortir avec elle prendre l'air, promener son petit frère ensemble. Papa s’occupe à merveille de son fils. Ils sont si
mignons à voir tous les deux que maman en sourit quelques fois.
Un jour, son père explique à Karine que
maman est trop fatiguée pour réagir. Elle
va partir se reposer avec son petit frère. Pendant cette période elle va rester
chez ses grands-parents. Karine ne comprend pas qu’elle ne puisse pas rester à
la maison mais elle dit « d’accord » à son père pour ne pas le
contrarier. Quand il s’agit ensuite d’enchaîner avec une colonie pour les
vacances d’été, son père lui explique qu’une jeune fille doit apprendre à vivre
avec d’autres enfants de son âge. Dès sa première lettre, elle le remercia,
elle s’était faite des copines. A la rentrée, sa mère semblait avoir repris le
dessus, c’était juste une apparence. Elle prenait des médicaments, elle était donc
malade, personne ne lui disait rien à ce sujet. Son père, travaillait beaucoup
mais le dimanche il était tout à ses enfants.
Le petit frère a moins de deux ans quand
il tombe gravement malade et est transporté d’urgence à l’hôpital. Et puis le
drame, il meurt une semaine plus tard.
La mère de Karine accepte étrangement la
fatalité contrairement à son père complètement dévasté et inconsolable.
Le père de Karine s’immerge dans le
travail, rentre tard et parfois sent l’alcool, le dimanche il préfère bricoler
seul. Karine insiste, veut rester avec lui, lui montrer ce qu’elle a fait à
l’école, lui raconter des histoires, jouer ou bricoler avec lui, comme par le
passé, elle veut qu’il les rejoigne pour les repas. Il préférait s’isoler dans
son atelier aménagé en espace de survie. A nouveau, elle essaye de relever sa
famille, sans vraiment y parvenir. Son père finit par partir, une mutation. Il ne
revient qu’une fois par mois mais les appelle plusieurs fois en semaine.
Karine profite de sa mère, grandit et
après ses études entre dans une grande entreprise de produits pour les
constructions, un peu grâce à son père. Elle passe son permis et s’achète une
petite moto. Elle sort souvent avec ses amis. Une nuit, alors que son petit ami
du moment, motard également, avait trop bu pour conduire, elle prend les
commandes. En tentant d’éviter un chauffard qui leur avait refusé la priorité,
elle perd le contrôle et la moto glisse sur plusieurs mètres. Elle s’en sort
avec quelques égratignures mais lui, a bien failli perdre sa jambe. Après
plusieurs opérations, trois ans de rééducation, une volonté de fer et leur
fille, conçue et née après l’accident, il remarche.
Karine s’ennuie avec lui, sa fille c’est
lui qui la voulait et il s’en occupe à merveille, ils sont si beau tous les
deux quand ils discutent. Karine aime sortir, flirter par-ci, par-là, partir en
vacances avec ses copines. Leur couple, sous alimenté, victime de l’absence, finit
par s’éteindre. Alors qu’il plie bagages pour le nord de la France, Karine
tente de les retenir, mais c’est trop tard.
Karine ne supporte pas le vide, la
solitude alors elle y va de plus belle avec « la fête » et les
sorties.
En pleine période de n’importe quoi avec
n’importe qui, son Marco, un amoureux de l’amour fit son entrée.
Au fil du temps, il veut tellement tout
rien qu’avec elle qu’il s’emballe pour un projet de création d’une petite entreprise
à tous les deux. Karine l’écoute, voit ce projet comme l’une de ses lubies. De
toute façon, il est hors de question qu’elle quitte son travail. Elle répond à
son insistance, en acceptant de remplacer un collègue formateur et part une
partie de la semaine sur les sites de vente. Quand elle revient, la fatigue
peut-être, elle voit son Marco sous un autre œil. Ses remarques, si pertinentes
il fut un temps, ne le sont plus du tout, elle se retient de rire parfois
tellement c’est nul. Ses exigences, si excitantes deviennent souvent casse-pieds,
ses soirées, où les excès ne connaissent pas la crise, fatigantes… Et puis
toujours à tout critiquer, ça la soûle. Son Marco n’est plus tout à fait
parfait et plus ça va et moins la fatigue prend la responsabilité, c’est un
choc pour elle, d’autant plus qu’il ne se rend compte de rien. Enfin si, ils se
disputent, il réclame sa pitance, mais en femme libérée elle ne donne rien au
« devoir conjugal », elle a moins envie, elle n’a plus envie du tout,
l’approche de la ménopause invoquait-elle jusqu’à ce qu’elle lui dise carrément
« non, pas envie, tu ne m’en veux pas au moins ? ».
En sirotant son café sur cette belle
terrasse, elle se demande si son Marco la voit vraiment ? A moins qu’elle
ne se trompe, c’est elle qui aujourd’hui, le voit tel qu’il est et a toujours
été.
Elle a quelques regrets envers ses
parents, qu’elle inondait d’amour, comme son Marco avec elle, un amour
insatiable qui prend plus qu’il ne donne….
Bien à vous, Aline
24/08/16
La
culpabilité en héritage….
Avertissement : Ecrire ces nouvelles m’est un
divertissement et un support de réflexion. Les
personnes et les situations sont fictives.
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l'astrologie.
Vlan…, Bing…, Bang… Saloperie de
guêpe ! S’exclama Mattias, secouant sa main probablement endolorie, alors
que fusaient commentaires et ricanements.
En
deux, trois clappements de mains, le professeur avait rétabli l’ordre.
« Mattias,
asseyez-vous ! Vous n’y êtes pas allé de main morte ».
Le
cours avait lieu, exceptionnellement, sous le préau.
« Gilles,
remerciez votre camarade, vous auriez pu finir aux urgences ».
Gilles,
assis devant Mattias, n’entendait plus grand-chose. Les Vlan, bing et bang, il
se les était pris en pleine tête. Non, il n’avait pas perçu la présence d’insectes
parce qu’il était bien trop occupé à déstabiliser une Léa déjà en mauvaise
posture, debout, embarrassée, rougissante, fixant le sol. Léa connaissait la
réponse à la question du professeur mais restait muette. Elle avait saisi cet
interlude pour se rasseoir. Léa était une élève brillante mais d’une timidité
maladive. Face à un auditoire, elle s’embrasait et les mots, un peu affolés, ne
savaient plus comment se faufiler jusqu’à l’air libre….
A
la récréation, Mattias, toujours animé de ce même élan vengeur et sans se
rendre compte qu’il ne faisait pas le poids face à un Gilles pour le moins
contrarié, en rajouta une couche : « Tu la laisses tranquille, sinon,
tu auras à faire à moi ».
Gilles
répondit du tac au tac : « Espèce de lâche, tu m’as frappé dans le
dos. Tu mérites une bonne leçon ! ».
Alors
qu’il l’empoigna, leurs camarades intervinrent et les séparèrent, sauvant ainsi
la face de Mattias et leur épargnant, à tout deux, de lourdes sanctions.
Léa remercia un Mattias mal à
l’aise qui lui répondit : « Que la force soit avec toi », ne
sachant quoi dire d’autre pour le moment, assez surpris lui-même par ce
déploiement d’assurance qu’il ne se connaissait pas…
Il faut dire que la journée de
Mattias avait assez mal commencé. Son père s’était réveillé de mauvaise humeur
et comme à son habitude dans ces cas-là, il préférait, à une douche froide et
revigorante, arroser d’insultes cyniques et d’observations grotesques sa femme
et son fils effarés autant que terrorisés.
Vu de l’extérieur, le père de
Mattias avait pourtant le profil de l’homme tout ce qu’il y a de
respectable : attentionné et dévoué envers sa famille, courageux et bon
voisin. Un homme fier de son fils aîné qui dès sa majorité s’était engagé dans
l’armée pour devenir pilote de chasse. Mattias, venu onze ans après, restait
quelque peu dans l’ombre de ce frère. Ce père venait d’une longue lignée
d’ouvriers et travaillait dur. Stimulé par la détermination de son fils aîné,
encouragé par le chef de production de l’usine, qui dans quelques années,
prendrait sa retraite, il avait bravé ses peurs du ridicule en replongeant dans
les livres et les cours du soir pour gravir les échelons.
Depuis trois ans qu’il occupait
ce poste, cette fureur de vaincre continuait à le talonner et à force d’être
contenue elle explosait parfois. Il avait, par exemple, imposé à sa femme de
travailler à temps partiel, officiellement pour qu’elle soit moins fatiguée
mais en fait, il la voulait plus disponible pour lui. Et puis, il avait ses
crises où il catapultait des critiques, là où personne ne les attendait. Le
stress, excusait la mère qui ordonnait à son fils, abasourdi, de s’activer pour
être à l’heure au collège, laissant son mari maugréer seul, espérant qu’il ne
les suive pas. Les rares gros
débordements dévastateurs occupaient tout le week-end et s’amorçaient dès le
petit déjeuner du samedi : des miettes éparpillées, une tache de café, un
rire sans qu’il ait compris pourquoi, il se levait bruyamment pour aller
chercher la lavette dans l’évier en criant : « Il faut que je sois
partout dans cette maison ! ». Mère et fils arrêtaient net leurs
échanges. Après avoir mesuré son effet et s’être assuré de l’attention de sa
famille, il rageait de constater que tout était sale dans cette maison.
« Mais regardez un peu dans quoi on vit ! » En général, il leur
demandait de le suivre dans la maison et le jardin, afin de prendre note des
négligences auxquelles ils se devaient de remédier dans les plus brefs délais :
« C’est du gazon pas de l’herbe à foin ! Les poubelles ça se
rince ! Le fouillis partout, on est où là ? ». A la maison, il
vidait des placards mal rangés à son goût, il examinait avec sa femme les
faux-plis des chemises et des tee-shirts, la surconsommation de produit d’hygiène
et d’entretien et cette poussière partout l’insupportait ! Puis il partait
s’occuper du ravitaillement pour la semaine. Au retour, son sourire aurait pu
laisser croire qu’il avait repris ses esprits. C’était juste un reflux avant
une nouvelle poussée de rage. Il retroussait alors ses manches ou enfilait une
tenue adéquate et instruisait sa femme et son fils sur l’art du travail bien
fait. Ils devaient recommencer jusqu’à ce qu’il estime le résultat
satisfaisant. L’opération prenait tout le week-end. Une crise par an, pas plus,
à l’époque des évaluations à l’usine, avait remarqué la mère.
En ce qui concernait Léa, c’était
une autre histoire.
Le
grand frère de Léa, de neuf ans son aîné, voulait un chien et non pas une
petite sœur mais qu’à cela ne tienne, il lui apprit les rudiments de
base : apporte ; pas toucher ; assise ; pas bouger et
puis des danses et des chansons. Elle avait surtout appris se méfier des
garçons. Son père restait assez distant avec elle. Sa venue n’était pas programmée
et avait chamboulé ses projets. Entre son père et sa mère, c’était assez tendu.
D’ailleurs, ils faisaient chambre à part, officiellement parce que Maman,
avec ses réunions du conseil municipal, rentrait parfois à point d’heure et
réveillait Papa qui ne parvenait plus à se rendormir. Résultat, il était
fatigué dès le matin.
Sa
mère, une institutrice appréciée, très féminine, très charismatique, rayonnait,
surtout en dehors de la maison. Elle avait peu d’affinité avec sa fille, une
Léa mal dans sa peau, à qui on ne demandait jamais son avis.
Léa
et Mattias prirent l’habitude d’étudier ensemble à partir de la première. Le
hasard d’un tirage au sort les avait réunis sur un exposé à préparer. Plus
tard, après le bac, comme plusieurs de leurs camarades, ils trouvèrent un
boulot d’été, tout en se gardant une dizaine de jours avec au programme une
randonnée d’une semaine dans les Cévennes et quelques jours de détente au bord
d’un lac. Forts de leur amitié et de cette expérience, ils prirent de
l’assurance.
Ils
avaient opté tous les deux pour médecine. Léa bifurqua à la fin de la 1ère
année vers des études de lettres et Mattias passa avec succès le concours
d’entrée à l’école d’infirmiers.
Comme
précédemment, ils travaillèrent pour partir en vacances, cette fois rien que
tous les deux et ainsi naquit leur belle romance.
Un
amour très physique, libérateur de toutes ces années de réclusion derrière les
barreaux des moqueries et du rejet. Leur relation était basée sur l’écoute sans
jugement et le droit de ne pas suivre l’autre.
Ils
cherchèrent une solution de logement qu’ils trouvèrent chez un couple de
personnes âgées. En échange d’un fort agréable studio, la magie de l’amour
transforma aisément un garage aménagé en un magnifique petit nid douillet, ils
effectuaient quelques tâches ménagères et entretenaient du jardin.
Ses
études terminées, Mattias put continuer à travailler dans l’hôpital où il avait
été stagiaire. Ses qualités professionnelles et humaines envers les patients
étaient fort appréciées. Par contre, certains de ses collègues lui donnait du « Monsieur
Pointilleux » et préféraient l’éviter. Léa avait encore une année d’étude.
Sur
la demande de leurs loueurs et en accord avec leur arrangement de départ, ils
durent rechercher un autre logement, d’autres couples d’étudiants attendaient.
Mattias,
légèrement difficile quant au choix de la nouvelle habitation, reprocha à Léa
d’un peu trop se reposer sur lui question recherches, visites et décisions.
Elle lui répondit que ses suggestions n’étaient jamais retenues alors à quoi
bon objecter. Se cantonner lui convenait car dans le fond, peu lui importait,
elle s’adapterait.
Mi-août,
ils prirent la décision de retourner chacun chez leurs parents, en attendant de
trouver l’appartement qui conviendrait. Une solution provisoire se
promirent-ils.
Du
côté de Léa, bien que ses parents fussent ravis de la retrouver, elle ne se
sentait plus chez elle et s’immergea dans ses études pour éviter les heurts.
En
ce qui concernait Mattias, l’état de son père avait manifestement empiré, fait
qui lui avait totalement échappé lors de ses visites seul ou avec Léa. Maniaque
et obsessionnel, il n’arrêtait pas de critiquer. Sa mère, non sans mal, avait
repris, peu de temps après le départ de leur cadet, son travail à un plein
temps malgré les arguments de choc de son époux : « A temps partiel,
la tenue de la maison laissait déjà à désirer, alors là, s’il est en plus
question que je fasse tout dans cette maison pour ne pas sombrer dans l’insalubrité,
mais tu veux ma peau ou quoi ? »….
La
mère était ravie de retrouver son fils au petit déjeuner lorsqu’il revenait de
ses gardes à l’hôpital. Un matin, alors qu’il venait tout juste de passer la
porte, il entendit son père en pleine session d’inventaire.
Sa
mère accueillit son fils et l’invita à les rejoindre à la table du petit
déjeuner, pensant certainement que son mari allait passer à autre chose. « L’espoir
fait vivre » dit-on !
« Viens
t’asseoir, le café est tout chaud fumant, une part de quiche, ça te dit ? ».
Le
père marmonnait sans prêter attention à son fils.
« Ça
va ce matin papa ? » tenta-t-il sans parvenir à déconcentrer son
père.
« Oui,
avec plaisir, maman ». C’était si facile donner de la joie à sa mère.
Le
père haussa légèrement le ton : « Je ne vous dérange pas au
moins ? »
« Du
tout » lui répondit sa femme, une mère comblée de retrouver son fils dans
des actes simples et heureux. « Bien passée ta nuit, mon trésor ? ».
Cette
réplique percuta le père de plein fouet. Son poing serré, prêt à frapper sur la
table, pour obtenir silence et attention, s’abattit sur sa poitrine. L’effroi
l’avait soudainement statufié. Il émit un « le Sam » à peine audible.
Mère
et fils s’interrompirent, sidérés. Alors que Mattias bondit vers son père pour
lui porter secours en lançant à sa mère : « vite, appelle le
Samu » celle-ci le stoppa dans son élan : « Ton père n’a pas
fini sa phrase. Tu sais qu’il a horreur quand on l’interrompt ».
« Maman,
c’est grave, il faut agir vite ! Appelle les urgences ! ».
Le
père de Mattias, terrorisé, les regardait interloqué, balbutiant un « A
l’aide ! ». Mattias l’allongea sur le sol puis entreprit les
compressions thoraciques et insufflations.
« J’appelle »
dit-elle dans un sursaut, saisissant son portable.
Le
médecin urgentiste prit la relève, les questionnant sur l’enchaînement des événements et l’état
de santé du père. Après un bon quart d’heure de pressions, il ne put que
constater le décès.
« Madame,
Monsieur, je suis désolé… Il ne reviendra pas. »
« Nous
avons bien fait tout ce qui était possible, n’est-ce pas docteur ? »
demanda la mère atterrée.
« Oui
Madame, nous avons fait tout ce qui était en notre possible, c’est fini »,
lui confirma le médecin.
Mattias
prit alors sa mère dans ses bras et la serra un moment.
Vacillante,
elle se rassit et fondit en larmes devant sa tasse de café froid.
Deux
mois après l’enterrement, elle informa ses enfants qu’elle allait vendre la
maison pour un appartement.
Le
décès de son père torturait Mattias, lui aussi envisageait de changer d’air.
Après réflexion, il démissionna. Il
informa Léa de son projet de partir pour l’Australie. Il lui proposerait de le
rejoindre dès qu’il serait installé. Léa, très choquée de cette décision qui
contrariait ses projets, refusa catégoriquement : « Je veux fonder
une famille ! Tu le sais ! ».
« L’un
n’empêche pas l’autre » répondit Mattias.
« C’est
non, je ne pars pas ». Léa décida de ne pas garder le contact.
Mattias
partit seul, persuadé qu’elle changerait d’avis. Il trouva du travail dans les
métiers du bâtiment. C’était dur mais dans le fond, c’était ce qu’il cherchait.
Dans les travaux publics, l’embauche était facile. Il se remit aux études pour
monter en grade, avec succès. Il marchait sur les traces de son père, il se
voyait faire mais ne parvenait pas à lutter contre, pour le moment.
Léa
lui manquait.
Bien à vous, Aline
21/07/2016
Nous
sommes Papa et Maman maintenant….
Avertissement : Ecrire ces nouvelles m’est un
divertissement et un support de réflexion. Les
personnes et les situations sont fictives.
D'autres
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l'astrologie.
…
Ils se rencontrèrent, se plurent, s’aimèrent, se marièrent et se jetèrent corps
et âme dans le projet pour lequel ils s’étaient unis : deux ou trois
enfants, une maison et bien sûr, tout partager.
Un
an plus tard à peine, leur premier bébé, un fils, vînt au monde. Cet épisode,
aussi magique qu’éprouvant, une horreur pour lui, ils le traversèrent ensemble,
tout comme les délicieux moments d’adaptation à la vie de ce petit brailleur,
hurlant, le plus souvent, ses envies et ses urgences. Elle ne prolongerait pas
son congé maternité alors autant prendre le bon pli, dès le départ.
Ils
se décidèrent pour un projet de construction, dans une petite résidence, où
plusieurs jeunes couples s’étaient déjà engagés. Ils travaillaient tous les
deux, elle, bibliothécaire à temps partiel et elle adorait, lui, un poste
prometteur dans la finance.
A
peine furent-ils installés dans leur ravissant pavillon, que le deuxième bébé
fit son apparition, une fille, alors que le premier entrerait dans quelques
mois à l’école maternelle.
Tout
comme avec leur fils, ils accueillirent leur bébé fille. Pour un troisième, il
n’était plus très chaud !
Nous
n’en n’étions pas là et pour le moment tout semblait aller au mieux, dans le
meilleur des mondes. Ils se le confirmaient mutuellement, probablement pour se
rassurer l’un, l’autre.
« Je suis une maman comblée » lui
dit-elle souriante, son bébé fille dans les bras…
Lui : Je suis le plus
heureux des pères ! Lui répondit-il.
Elle : Tu veux dire
que tu es le plus heureux des papas.
Lui : oui, ma chérie.
Elle : ou, oui, maman ?
Lui : si tu préfères,
oui maman ! S’esclaffa-t-il…
Il
aurait dû se méfier et rectifier, tout de suite, en ajoutant par exemple un
« ma chérie » après « si tu préfères » ou juste l’embrasser
amoureusement, se reprochera-t-il, bien plus tard. Parce que là, notre grand
naïf glissait dans une autre dimension. « Papa et Maman » limogeaient
par cette simple précision et sans aucun scrupule, les tendres « Mon amour
et ma chérie ».
Notre
couple était éreinté. Elle surtout. Lui, se savait « papa » mais n’en
restait pas moins un homme et qui plus est, un homme amoureux de sa femme.
Hélas, ses approches se heurtaient à des bâillements ou encore une urgence à
terminer une tâche laissée en plan, quand ce n’était pas les enfants qui
soudainement les appelaient.
Un
soir, très motivé, il l’entreprit, tant et si bien qu’il était déjà quasiment
en elle quand, furieuse, elle se dégagea.
Elle : Papa ?
Avec ta fille dans la chambre ? Qu’est-ce qui te prend ?
Lui : Il me prend que
j’ai très envie de toi. Notre fille a cinq mois, elle peut bien dormir dans sa
chambre, non ? Et puis la présence de notre fils, ne te souciait pas
tant !
Elle : Papa, tu n’es
pas sérieux ? Elle fait des cauchemars. Non, mais, tu nous imagines, amoureusement
enlacés et notre petite qui se met à hurler ?
Lui : Ma chérie, nous
aviserons, je t’aime et ça fait tellement longtemps.
Elle : C’est non.
Lui : Allez, ma
chérie, laisse moi te caresser, t’embrasser partout…
Elle :
Ça va pas la tête ! Et dans la foulée, elle le pousse à se tourner, se
colle à son dos, le serrant tendrement pour l’endormir.
…Hélas,
il n’a pas trois ans et ça ne marche pas….
Lui :
Je ne dors pas, je veux un vrai câlin d’amour…
…
Alors, à bout d’arguments….
Elle :
Bon d’accord, mais vite fait, tu as vu l’heure, je suis fatiguée, moi.
Lui :
Demain, c’est dimanche, je m’occuperai des enfants et du petit déjeuner.
…
Elle y met tellement peu du sien que le pauvre, en perd, quelque peu, ses
moyens. C’est très mou, il s’agite, se frotte, elle s’impatiente et finit par
lui demander de laisser tomber.
Il
est très déçu, agacé. « Prends toi une douche, ça ira mieux » lui
suggère-t-elle avec une légère autorité tout de même. Il se résigne et parvient
difficilement à se soulager. Il retourne ensuite s’allonger auprès de sa femme.
Elle épouse son dos, le tient serré, se veut rassurante, comme s’il sortait
d’un mauvais rêve, « ça va aller ». Il n’est pas convaincu et la
repousse un peu.
Un
doute plane et l’empêche de dormir : son « ça va aller »,
insinue que nous serons bientôt comme avant ou, « ça va aller », tu
t’y feras et bientôt, tu n’auras plus envie du tout ?…
Etrange
que l’accouchement de sa fille ait produit de tels effets. Au début de leur
rencontre, il se demandait s’il parviendrait à la satisfaire, tant elle était
demandeuse et parfois extravagante. Maintenant c’est comme si la mère avait
chassé l’amante ???....
Ils
passent tous les quatre un merveilleux weekend comme tous les week-ends
d’ailleurs. Elle y tient. Elle orchestre tout y compris les visites chez les
grands-parents. La famille, la famille et toujours la famille. Parfois il
l’observe médusé. On dirait une petite fille qui joue « au papa et à la
maman » avec une famille bien vivante qui, lui y compris, se prête
joyeusement au jeu. Elle le porte aux nues, dans sa mise en scène, l’admire,
l’embrasse, lui caresse le bras et le soir, elle est épuisée. Elle adore
l’enlacer, jusqu’à ce que le sommeil les sépare chacun de leur côté du lit.
Dès
le petit matin, elle s’active, en moins d’une demi-heure elle est
opérationnelle et va vite préparer le petit déjeuner qu’ils partagent tous
ensemble, comme dans les films américains. Elle est attentive au réveil de
bonne humeur de ses enfants. Elle laisse papa disposer à sa guise de la salle
de bain respectant son intimité, lui avait-elle dit un jour où elle avait
frappé avant d’y entrer et où il s’en était étonné.
Le
soir, elle est tout à ses enfants. Lui, rentre trop tard, mais ne manque pas de
venir les embrasser et leur souhaiter une bonne nuit. Il se rattrapera le
week-end.
Ils
regardent parfois la télé ensemble ou lisent au lit, il ose encore quelques
approches qu’elle détourne habilement la plupart du temps. Quand parfois, il a
de la chance, c’est bien, mais sans plus. Elle était toujours aussi désirable.
Seul, dans la salle de bain, il se désolait, humilié. Intérieurement, il
rageait d’en être arrivé là.
Il
avait déjà croisé des femmes disponibles, incroyablement claires dans leurs
propositions sexuelles, notamment lors de formations qu’il animait. Les
complications potentielles qui auraient pu s’en suivre l’avaient rebuté.
C’est
lorsqu’il entreprit d’aménager les combles, au dessus du garage, pour en faire
son espace, qu’elle se révolta contre cet abandon inadmissible.
Il
l’avait rassurée, invoquant qu’il dormait mal, elle s’en était rendu compte, et
qu’il ne voulait plus perturber son sommeil. Elle ne voulait pas dormir sans
lui. « Comment vont réagir nos enfants ? Tu y penses à nos
enfants ? ». Lui avançait ses
arguments : plutôt que d’attendre des heures le sommeil, il pourrait se
lever et travailler sur ses dossiers sans la réveiller. En fait, attendre son
bon vouloir lui était devenu insupportable. Il la désirait dans ses rêves. Ça le
réveillait et parfois, une trique immonde l’empêchait de se rendormir. Il la
savait attentive au moindre bruit. Alors, faute de retrouver les bras de
Morphée ou d’oser approcher ceux de sa femme, il descendait s’enfermer dans les
toilettes des invités. Là, il l’imaginait
en position de l’autruche, ses hanches galbées, les fesses offertes se
dandinant légèrement comme quand elle marche, la tête s’enfonçant progressivement
et profondément sous l’oreiller, en cadence de sa croupe, jusqu’à disparaître
complètement, qu’aucune de ses paroles ne lui parvienne. Il lui fallait vite
revenir aux petits mouvements de se corps impatient et gourmand car, l’idée
même d’entendre un de ses commentaires, ou l’une de ses excuses, le ramenaient
à la réalité de sa vie conjugale et il débandait aussi sec.
Elle
finit par accepter le projet avec la promesse que ce ne soit pas plus de trois
nuits par semaine. Le marché fut conclu !
Et
puis un beau jour, enfin tout est relatif, c’était plutôt un jour de grande
pagaille, une configuration étrange ressuscita un angle mort de sa vie. En
cette période de grèves, il aperçut, un soir, parmi une foule immense, sa
secrétaire dans le hall de la gare. Elle s’énervait au téléphone. Elle lui
semblait au bord des larmes. Il en fut tout attendri. Depuis 8 ans qu’elle
était sa collaboratrice, il ne l’avait jamais vue aussi désemparée. Ils
n’échangeaient que très peu sur leur vie personnelle. Il avança dans sa
direction, elle se ressaisit. Ils spéculaient sur les horaires des prochains
trains et autres banalités quand soudain, elle éclata de rire alors que rien de
leur conversation ne s’y prêtait…
La secrétaire :
excusez-moi, c’est nerveux.
Lui : ???
ne sachant que dire, il lui sourit.
…
Elle répondit de nouveau à son téléphone. Elle essayait manifestement de
contenir sa colère. A son avis, cet agacement n’était pas lié aux problèmes de
train. L’humeur de sa secrétaire le troubla. Il lui proposa de prendre un
verre. Et là, quelque chose d’impensable se produisit, une attirance qu’il
n’avait jamais remarquée le poussait à se rapprocher d’elle. Son sexe se
réveillait. Il le sentait durcir. Cette sensation agréable balayait,
doucettement le raisonnable qu’il repoussait à peine, tant c’était bon de
désirer une femme souriante. Le protocole hiérarchique glissa dans la trappe
des oubliettes alors qu’elle tripotait nerveusement son téléphone. N’y tenant
plus, il approcha sa main de celle de sa secrétaire qui ne recula pas la sienne.
Ils continuaient leur conversation comme si de rien n’était. Ce geste aurait pu
s’apparenter à du réconfort, au début, au début seulement. Des sensations
s’affirmèrent. Défiant la bienséance, il s’aventura vers la paume de cette main
fine et un peu perdue dans la direction à choisir. Arrivé au poignet, il
s’engagea dans des pressions « paume à paume » qui le surprirent.
Une onde de chaleur se promenait, se propageait, descendait, montait, allait,
venait. La main de sa secrétaire ne se débattait pas. Il s’enhardit davantage
jusqu’à l’inviter dans une chambre d’hôtel qu’il réserva sur le champ alors qu’elle
lui souriait. Quelques minutes plus tard après une deuxième coupe de champagne,
ils s’enlaçaient, se découvraient, se rencontraient et plus puisqu’ils étaient
en affinité.
Il
se réappropriait des sensations, une vigueur, une fierté, oui tout à fait, il
se sentait revivre, un gamin tout fier d’avoir relevé le défi, d’avoir vaincu
ses peurs.
Il
était encore temps d’attraper un train, ce qu’ils firent. En guise d’au revoir,
elle lui lança : « Il ne s’est rien passé, n’est-ce pas Monsieur le
Directeur ? », « non, bien sûr, que non » la rassura-t-il.
Sereine,
elle pourrait supporter les jérémiades de son mari dépité de voir leur fille
aussi obstinée dans son désir de partir étudier loin de chez eux. « Elle
exhibe ses résultats du concours d’entrée en gueulant « j’ai gagné, j’ai
gagné ! », une vrai gamine et ça veut jouer les femmes
libérées ! » Décrit-il. Il était à la fois un peu fier et très déçu,
autant dire lamentable. Elle, elle était fière et heureuse pour sa fille. Elle
aurait aimé partager sa joie avec son mari, mais lui, comme d’habitude,
sabotait tout ! Pas cette fois en tout cas et tant pis pour lui ! Une
sensation de bien être immense la traversa.
Attendant
son train, Papa, négociait avec sa culpabilité et une félicité d’une telle
arrogance, qu’il craignit pour l’avenir de la linéarité de son existence. C’était
arrivé ! Si Maman savait, Maman pas contente ! Ironisa-t-il. « Il
ne s’est rien passé » avait-elle cru bon de préciser. Il reconnaissait bien
là, sa secrétaire, s’en tenir à l’essentiel pour la suite.
Il
se sentait tout simplement bien. Ses pensées virevoltaient à la rencontre du corps souple et ferme de sa
femme, une adepte du yoga, chaloupant par-ci, par-là. Un désir fit timidement
son apparition. Que ce passait-il ? Le roulis du train peut-être ? Il
était heureux, un sentiment simple, de base, essentiel à la vie, songea-t-il.
Le « Pauvre Papa, quelle
journée ! » de maman, à peine passé le seuil d’entrée de son
« chez nous », le ramena illico à sa réalité.
C’est
à cette époque, alors que se réapproprier sa femme relevait du conte de fées
qu’il envisagea de recourir à des pilules stimulantes. Elle était l’amour de sa
vie et il la voulait. Le « il ne s’est rien passé », lui revenait en
cas de doute.
Au
premier essai, bien qu’il ait suivi les recommandations à la lettre, son sexe
réagit outre mesure. Dès qu’elle le touchait, c’était pire ! Face à une
telle réaction, il resta bien calé sur son côté à souffrir le martyr en
attendant que se dissipent les effets de la pilule. Lorsqu’elle épousa son dos,
comme à son habitude, il ne put résister, une douleur cuisante lui ordonnait de
passer à l’action. Son corps ne lui obéissait plus et au lieu de patienter, il
fit volte face et il la prit du plus délicatement possible.
« Délicatement », c’était dans l’idée, des cris étouffés, des pleurs,
une gifle. Quand enfin, elle se dégagea, il se leva, encore raide, prendre une
douche.
S’en
suivit une discussion, des mises au point conclues par :
Lui :
Nous sommes parents mais aussi mari et femme.
Elle :
Ton sexe, qu’est-ce que tu as fait ?…
Lui :
Je t’aime, j’ai envie de toi, c’est tout.
Elle
ne sut trop quoi dire. Chacun alla de son côté du lit.
Il
testa différentes pilules, chacune avait ses avantages et ses inconvénients. Elle
finit par découvrir les fameux cachets, lui flanqua à la figure et clôt
par : terminé, tes « séances de torture ».
Il
tenta le dialogue. Ce manque de naturel ne lui convenait pas. Il rétorqua qu’un
temps d’adaptation lui était nécessaire suite à la diète qu’elle lui avait
imposée. Elle fit mine de trouver sa remarque dénuée de sens et vaqua à ses
occupations.
Sa
secrétaire et lui, malgré ce qui avait été convenu au départ, ne purent
résister bien longtemps à l’appel des corps. Ni l’un, ni l’autre ne se
projetaient dans un avenir ensemble.
Lui,
continuait à culpabiliser, se rassurant comme il le pouvait et notamment en
remontant au créneau régulièrement auprès de sa femme qui elle, de son côté se
résignait mal, lorsqu’elle ne parvenait pas à s’échapper.
Elle
en avait plus que mare de ses pilules !
Elle
lui proposait de se résigner, d’autant plus qu’il ne voulait pas consulter un
thérapeute de couple.
Il
essayait de prendre sur lui, mais il commençait à lui en vouloir. Tout ça
c’était de sa faute à elle ! C’est elle qui lui avait imposé cette
abstinence. C’est elle qui l’avait poussé dans les bras d’une autre.
Il
supportait de moins en moins cette situation d’autant plus qu’il voyait ses
enfants déborder de sensualité. Leur fille était majeure maintenant et le
clamait haut et fort. Leur mère avait de moins en moins d’emprise sur leur vie
et s’inquiétait, rejetant sur son mari leur légèreté. Elle avait des enfants
volages et en était consternée. « Pas étonnant avec un père obsédé ! »
lui lançait-elle.
Il
avait fait d’elle une mauvaise mère. Elle lui en voulait terriblement pour ça.
Les
enfants partis construire leur avenir, c’était devenu invivable à la maison.
Sa
secrétaire, de son côté, divorçait. Il y pensait sérieusement lui aussi et
proposa à Maman une séparation de corps pour le moment.
Leur
fils était sur le départ pour l’Australie, un poste d’ingénieur l’attendait.
Leur fille, qui serait bientôt avocate, s’installait elle, avec une amie, dans
une autre région.
Maman
aurait pu en perdre la tête. Mais pas du tout ! Maman sembla heureuse pour
eux, des enfants en pleine santé, ambitieux et aimant la vie. Elle proposa à
Papa de divorcer. « Pourquoi attendre ? Tu vois bien que plus rien
n’est possible entre nous » Lui avait-elle répondu.
Et
ils divorcèrent…
Quelques
années plus tard, Papa avait créé un cabinet comptable avec sa secrétaire.
Maman, quant à elle, s’était installée avec son amour de jeunesse, qui lui, ne
s’était jamais marié. Alors que leur histoire, à l’époque, semblait scellée, il
avait décidé de partir en Australie, et oui !, elle n’avait pas voulu le
suivre, ainsi avait pris fin cette belle histoire. Il était revenu cinq ans
plus tard. Il l’avait retrouvée et reconquise alors qu’elle attendait sa fille.
Officiellement, ils venaient tout juste de se retrouver.
Ah,
l’amour….
Bien
à vous, Aline
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