lundi 17 février 2020

Mon Equipe

Chères Lectrices, Chers Lecteurs,

Quel plaisir de vous présenter aujourd'hui mon équipe et quelques passages de son histoire.
Pourquoi « plaisir » ?
Parce que la décrire m'a permis de mieux en saisir les fonctionnements et j'ai trouvé l'exercice réconfortant.
Ce sujet s'est imposé à moi alors que je préparais une conférence « Poser des mots sur nos maux » avec en introduction « ton corps est ton ami, il te prévient : quelque chose ne tourne pas rond dans ton fonctionnement global ! Il te parle en une langue que tu puisses comprendre. Examine ton problème... ».
Et là, « la lumière fut ! ».
Je dois d'abord expliquer la communication entre moi et moi.
Évoquant mon sujet auprès de quelques clientes, je me suis aperçu que peu de personnes prennent appui, en conscience, sur leur équipe.
Mon équipe a toujours œuvré ardemment dans l'ombre, indifférente à ma non-reconnaissance de ses efforts constants pour me maintenir en vie. Pourtant j'ai toujours pensé que nous étions plusieurs en moi, ne serait-ce que par ma taille. Et puis, je ne parvenais pas à avoir la même attitude avec mes amies qu'avec ma sœur que je considère, en plus, comme une amie. Il en est également ainsi pour vous. Votre mode de communication varie selon que vous vous adressez à un commerçant, votre médecin, vos parents, vos enfants !
J'aurais pu me rendre compte que mon cerveau n'était pas seul aux commandes, c'était une évidence !
Vers mes 26 ans, j'étudiais diverses techniques de développement personnel dont l'astrologie et pourtant, chemin faisant, je suis passée à côté du déclic. Ce n'est pas faute d'avoir rencontré les bonnes personnes ! Gratitude à la finesse de mon professeur d'astrologie, Zipporah Dobyns, grâce à qui j'ai pris conscience que certes mes parents m'avaient « mise au monde » mais c'est aux détours de mes études, qu'un beau jour, je me suis réveillée en vie et oh sublime révélation ! Je pouvais choisir de prendre telle ou telle direction.
A cette époque, je me voyais touriste de l'existence et tributaire des concours de circonstances extérieures, incapable de construire quoi que ce soit, alors que j'étais autonome, étudiais, travaillais, rencontrais, participais, créais... Mon équipe veillait à réajuster l'équilibre pour en permanence me maintenir en zone sécurisée !
Mon équipe a connu des mouvements divers et variés, s'est enrichie, s'est appauvrie, a remonté la pente, plongé dans des rapports de force, des rébellions, des guerres de territoire, des déclassements, des exclusions et des cooptations aussi.
Rien n'est jamais acquis, tout est mouvement au gré de mon évolution globale. Ces cercles sont des groupes formés à partir d'affinités. Je préfère le mot « cercle » au mot « groupe ».

Le premier cercle : mon corps, mon mental, mes envies.
Ce sont mes proches, mes adorés, mes favoris, ceux avec qui je communique le plus. Ils sont là, s'expriment, me parlent à moi, spontanés, francs, directs. C'est des fois rude, violent, escarpé. Mon corps manifeste ses désapprobations par des douleurs, mon mental sombrent, mes envies s'éclipsent, rarement tous au même moment, heureusement.
Ensemble, avec d'autres cercles, nous retrouvons un équilibre.
Mon corps accueille tout mon être. C'est un rassembleur, un intercesseur, un diplomate, un négociateur, le baromètre de l'équipe. Je l'adore, le dorlote, le maintiens en forme.
Ça n'a pas toujours été le cas. A 45 kg de plus que maintenant, je me le suis trimballé pareil à un boulet. Je suis née bibendum et ai vécu emprisonnée dans ce corps lourd, surchargé de gras, agressé par de multiples régimes jusque l'âge de 25 ans. Mon équipe, sous l'emprise d'une hiérarchie dictatoriale ne connaissait aucune rébellion. Mon corps informe, camouflé dans des vêtements amples, dressé à la soumission, gobait tout ce qui passait. J'étais un tube digestif, une vivante passive, un genre d'aspirateur qu'on branchait, débranchait, rangeait ou laissait traîner, selon les perspectives de la journée. J'engloutissais tout physiquement, moralement, émotionnellement.
Fini tout ça. Il nous a fallu un autre quart de siècle pour parvenir à stabiliser mon poids Je garde, de cette longue révolution, une peau molle et fripée par endroit, mémoire d'une lente et longue métamorphose. Mon équipe actuelle, fière de son histoire, se réjouit chaque jour du dynamisme de son corps.
Mon mental part souvent dans tous les sens et c'est super. L'important pour moi c'est, dans ce qui peut apparaître comme un fouillis, de m'y retrouver sans avoir à traverser un désert, un vide. Ayant passé une grande partie de ma vie en mode obsessionnel, être en mesure de changer de registre lorsque mon mental tourne en rond style tornade dévastatrices, c'est le bonheur. J'adore la diversité, passer d'un sujet à l'autre, d'une activité à une autre et là je dis merci à mon travail de m'avoir appris à cultiver l'adaptabilité, la souplesse. Je retrouve mon unité, mon équilibre quoi qu'il arrive ou n'arrive pas. Je dois à mes activités professionnelles, mes aptitudes à l'attention, l'écoute, l'analyse, l'intuition, l'organisation, la formulation concrète et logique.
Mes envies meublent mon emploi du temps. J'aime tout ce que je fais. Rien n'est une contrainte. Il m'arrive de préméditer mon coup, de me conditionner pour trouver un espace plaisant là où aller n'est pas un choix personnel, concessions relationnelles obligent. Un jour, j'ai décidé d'apprendre à trouver un attrait à toute situation. Ce jeu distrayant, souvent instructif me permet de voyager dans d'autres univers. A mes yeux, chaque individu est un univers en lui. Je voyage à moindre frais, à moindre fatigue....

Le deuxième cercle : la peur, la culpabilité, l’auto-flagellation, le sacrifice, l'ego, l'auto-bienveillance, l'équilibre, le choix.
La peur est omniprésente dans ma vie, bien qu'à des degrés moindres avec l'âge. Intellectuellement, je sais que ces peurs n'ont plus de raison d'être pour la plupart. Du coup, elles ne s'adressent plus à mon mental, elles préfèrent écraser mes envies. Mon corps aime trop les défis, il prend connaissance agit ou réagit.
La culpabilité maintient en moi, toujours prêts pour un top départ, des interdits idiots. Aujourd’hui, je les trouve idiots, à l'époque, ils étaient une évidence. Je me revois m’interdire de nombreuses opportunités par manque de confiance en ma capacité à créer une continuité, un meilleur environnement de vie pour moi.
J'ai quelques regrets, je l'avoue parce que j'aurais pu.
Les opportunités sont revenues sans relâche ; certains membres de mon équipe les attiraient, sous différentes formes. Au lieu de les saisir, je chaussais mes œillères et suivais le sillon bien tracé de mes habitudes.
Maintenant, j'éloigne la culpabilité par des « je m'autorise » lorsque c'est là, à ma portée et que j'en ai envie. Pourquoi m'en priverais-je, maintenant que me créer un environnement plaisant est à ma portée. Honnêtement ça ne marche pas toujours et pas pour tout... Et pour cause, la culpabilité est comme un os porteur dans ma charpente. Enlevez un mur porteur d'une construction... Vous le remplacez par quoi pour maintenir debout l'édifice ? Une copie quasi conforme ? On enlève un mur porteur dans une restructuration globale....Pas seulement pour agrandir un espace !
La peur et la culpabilité cultivent l'auto-flagellation et le sacrifice. Dès que je sors de la zone balisée par le devoir et les normes de respect inscrites en moi, ces saboteurs prennent les rênes et la direction des compulsions, des erreurs et du mal-être. Ils ont, hélas, la puissance de malmener mon 1er cercle !
Le sacrifice, à ma connaissance, ne procure ni plaisir, ni soulagement pour personne, il en est de même pour se miner pour les autres. Montrer l'exemple se révèle plus productif.
Mon ego s'est manifesté dès mon plus jeune âge par une mise à l'écart, liée à mon physique. S'en est suivi une forme d'abandon de moi de plusieurs années. Puis, une remontée progressive et passionnante poussée par : « tu n'es pas là que pour vivre la vie des autres, sois toi ! » , j'ai osé, un peu plus souvent, prendre le coche quand il passe plutôt que de tirer la charrette. Mon ego enfile, de plus en plus souvent, la combinaison de la fierté. Ça lui va bien.
L'auto-bienveillance fut au cœur d'une crise existentielle, d'adolescence très tardive. Invitée à vivre loin des miens, j'ai voyagé, étudié, me suis rencontrée. J'ai appris à compter sur moi et ça fonctionnait assez bien ; à privilégier mes attentes et je fus surprise d'en avoir plusieurs. J'ai compris que pour recevoir, il me faudrait accepter de prendre, plutôt que m'efforcer de mériter et qu'en matière d'affection, de bienveillance, en m'en donnant à moi-même souvent, je finirais par discerner et éconduire, venant d'autrui, l'affectif/manipulation/maltraitance pour de l'affectif bienveillant.
L’équilibre est constant. Lorsque je dis « je cherche mon équilibre » cela signifie : « je veux changer d'équilibre ». Dès que j'ajoute un élément dans ma vie, il me faut réajuster l'ensemble. Lorsque j'ai voulu plus d'amour, il m'a fallu comprendre mes représentations affectives ! J'ai encore du boulot pour parvenir à bouger mon équilibre en la matière ! J'exagère, il a déjà pas mal bougé... Je ne me refais pas, je veux toujours plus !
Dans une certaine mesure, j'ai le choix ! Si, par exemple, la météo annonce de la pluie, je ne pourrai pas y échapper si je reste ici. Par contre je peux choisir d'en profiter pour un grand ménage, mettre à jour mon administratif, écrire.... Ça a l'air stupide comme exemple, oui et non ! C'est applicable à tous nos actes : si je me fais virer, je peux faire quoi ? Après avoir pleuré un bon coup !

Le troisième cercle : les joies, les victoires, les échecs.
Chaque nouveau pas est un challenge quand il me rapproche de la victoire. Le cri du cœur : j'ai réussi, j'ai fait du bon boulot..., encore aujourd'hui peut convoquer la culpabilité. La joie prend sa place lorsque le « je m'autorise » écrase l'auto-saboteur, l'auto-flagellant enveloppant ma victoire. A ce jour, je ne sais pas comment banaliser la victoire.
En attendant, mes joies me donnent la pêche et cet élan je le partage avec le plus grand nombre.
Mes échecs me rassurent, ne déclenchent aucun rappel à l'ordre culpabilisant, Ils m'offrent la perspective de futures victoires. Je ne vois que cela pour justifier leur nombre...

Quatrième cercle : l'amour, la volonté, la confiance en autrui, la générosité.
L'amour, pour des raisons personnelles de sécurité, joue un rôle de miroir. J'aime quelqu'un, quelque chose, quelque part, parce qu'en sa présence, je m'aime, je me sens bien , je libère des côtés de ma nature qui me plaisent, que j'apprécie et inversement.
La volonté stimule, encourage tant que je lui obéis. A la moindre faiblesse, la culpabilité prend le dessus armée de ses puissants saboteurs.
La seule personne en qui j'ai confiance, c'est moi ! Personne ne peut me décevoir, ce serait à moi-même que j'en voudrais d'avoir espéré, attendu quelque chose de quelqu'un qui n'est pas en devoir de me le donner.
Lorsque je donne quelque chose à quelqu'un, la première personne à qui je fais plaisir, c'est moi. Autrement je suis dans le sacrifice.

Cinquième cercle : les gens, l'environnement.
Les rencontres, revoir les gens me passionnent. J'adore le partage d'un ressenti, d'une émotion, d'une expérience, l'intimité des confidences. Qu'il s'agisse d'un échange ou d'une écoute à sens unique, c'est toujours un bon moment, une découverte, une visite d'un autre monde, d'une autre vie que la mienne. Tout m'intéresse, me touche, réveille ma compréhension, me ressemble. Certes, j'ai parfois du mal à comprendre comment et en quoi. Pourtant je reste persuadée que je suis ce que je vois...
Ma perception de mon environnement, de la vie locale, de ce qui m'intéresse dans la société, m'en dit également long sur qui je suis. Je reste attentive à mes ressentis.

Sixième cercle : les croyances, la nature, la confiance en la vie.
Mes croyances créent ma réalité. Mon équipe a des priorités et des valeurs qui lui sont propres et il en est de même pour tout un chacun, d'où quelques difficultés de communication. Il m'arrive d'interrompre une conversation par : on parle d'autre chose ? Et généralement je lance un autre sujet qui s'il ne plaît pas à mon interlocuteur aura pour réponse :  « tu ne t'intéresses qu'à toi » ou quelque chose dans ce genre....Je suis ce que je vois....
La nature, ses énergies sont mon plus grand soutien. C'est une constatation. Après une grande balade en montagne tout va mieux, même si j'en ai profité pour ressasser, des heures entières, toute mon amertume.
A l'heure actuelle, je pense que la vie est. Elle est. Sa dimension dépasse mon entendement. J'ai confiance en la puissance créative et bien plus depuis ma lecture des accords toltèques de Don Miguel Ruiz.

Si vous le souhaitez, nous pourrions examiner ensemble votre équipe...

Bien à vous, Aline Kestenberg