Réflexions




Mon Equipe

Chères Lectrices, Chers Lecteurs,

Quel plaisir de vous présenter aujourd'hui mon équipe et quelques passages de son histoire.
Pourquoi « plaisir » ?
Parce que la décrire m'a permis de mieux en saisir les fonctionnements et j'ai trouvé l'exercice réconfortant.
Ce sujet s'est imposé à moi alors que je préparais une conférence « Poser des mots sur nos maux » avec en introduction « ton corps est ton ami, il te prévient : quelque chose ne tourne pas rond dans ton fonctionnement global ! Il te parle en une langue que tu puisses comprendre. Examine ton problème... ».
Et là, « la lumière fut ! ».
Je dois d'abord expliquer la communication entre moi et moi.
Évoquant mon sujet auprès de quelques clientes, je me suis aperçu que peu de personnes prennent appui, en conscience, sur leur équipe.
Mon équipe a toujours œuvré ardemment dans l'ombre, indifférente à ma non-reconnaissance de ses efforts constants pour me maintenir en vie. Pourtant j'ai toujours pensé que nous étions plusieurs en moi, ne serait-ce que par ma taille. Et puis, je ne parvenais pas à avoir la même attitude avec mes amies qu'avec ma sœur que je considère, en plus, comme une amie. Il en est également ainsi pour vous. Votre mode de communication varie selon que vous vous adressez à un commerçant, votre médecin, vos parents, vos enfants !
J'aurais pu me rendre compte que mon cerveau n'était pas seul aux commandes, c'était une évidence !
Vers mes 26 ans, j'étudiais diverses techniques de développement personnel dont l'astrologie et pourtant, chemin faisant, je suis passée à côté du déclic. Ce n'est pas faute d'avoir rencontré les bonnes personnes ! Gratitude à la finesse de mon professeur d'astrologie, Zipporah Dobyns, grâce à qui j'ai pris conscience que certes mes parents m'avaient « mise au monde » mais c'est aux détours de mes études, qu'un beau jour, je me suis réveillée en vie et oh sublime révélation ! Je pouvais choisir de prendre telle ou telle direction.
A cette époque, je me voyais touriste de l'existence et tributaire des concours de circonstances extérieures, incapable de construire quoi que ce soit, alors que j'étais autonome, étudiais, travaillais, rencontrais, participais, créais... Mon équipe veillait à réajuster l'équilibre pour en permanence me maintenir en zone sécurisée !
Mon équipe a connu des mouvements divers et variés, s'est enrichie, s'est appauvrie, a remonté la pente, plongé dans des rapports de force, des rébellions, des guerres de territoire, des déclassements, des exclusions et des cooptations aussi.
Rien n'est jamais acquis, tout est mouvement au gré de mon évolution globale. Ces cercles sont des groupes formés à partir d'affinités. Je préfère le mot « cercle » au mot « groupe ».

Le premier cercle : mon corps, mon mental, mes envies.
Ce sont mes proches, mes adorés, mes favoris, ceux avec qui je communique le plus. Ils sont là, s'expriment, me parlent à moi, spontanés, francs, directs. C'est des fois rude, violent, escarpé. Mon corps manifeste ses désapprobations par des douleurs, mon mental sombrent, mes envies s'éclipsent, rarement tous au même moment, heureusement.
Ensemble, avec d'autres cercles, nous retrouvons un équilibre.
Mon corps accueille tout mon être. C'est un rassembleur, un intercesseur, un diplomate, un négociateur, le baromètre de l'équipe. Je l'adore, le dorlote, le maintiens en forme.
Ça n'a pas toujours été le cas. A 45 kg de plus que maintenant, je me le suis trimballé pareil à un boulet. Je suis née bibendum et ai vécu emprisonnée dans ce corps lourd, surchargé de gras, agressé par de multiples régimes jusque l'âge de 25 ans. Mon équipe, sous l'emprise d'une hiérarchie dictatoriale ne connaissait aucune rébellion. Mon corps informe, camouflé dans des vêtements amples, dressé à la soumission, gobait tout ce qui passait. J'étais un tube digestif, une vivante passive, un genre d'aspirateur qu'on branchait, débranchait, rangeait ou laissait traîner, selon les perspectives de la journée. J'engloutissais tout physiquement, moralement, émotionnellement.
Fini tout ça. Il nous a fallu un autre quart de siècle pour parvenir à stabiliser mon poids Je garde, de cette longue révolution, une peau molle et fripée par endroit, mémoire d'une lente et longue métamorphose. Mon équipe actuelle, fière de son histoire, se réjouit chaque jour du dynamisme de son corps.
Mon mental part souvent dans tous les sens et c'est super. L'important pour moi c'est, dans ce qui peut apparaître comme un fouillis, de m'y retrouver sans avoir à traverser un désert, un vide. Ayant passé une grande partie de ma vie en mode obsessionnel, être en mesure de changer de registre lorsque mon mental tourne en rond style tornade dévastatrices, c'est le bonheur. J'adore la diversité, passer d'un sujet à l'autre, d'une activité à une autre et là je dis merci à mon travail de m'avoir appris à cultiver l'adaptabilité, la souplesse. Je retrouve mon unité, mon équilibre quoi qu'il arrive ou n'arrive pas. Je dois à mes activités professionnelles, mes aptitudes à l'attention, l'écoute, l'analyse, l'intuition, l'organisation, la formulation concrète et logique.
Mes envies meublent mon emploi du temps. J'aime tout ce que je fais. Rien n'est une contrainte. Il m'arrive de préméditer mon coup, de me conditionner pour trouver un espace plaisant là où aller n'est pas un choix personnel, concessions relationnelles obligent. Un jour, j'ai décidé d'apprendre à trouver un attrait à toute situation. Ce jeu distrayant, souvent instructif me permet de voyager dans d'autres univers. A mes yeux, chaque individu est un univers en lui. Je voyage à moindre frais, à moindre fatigue....

Le deuxième cercle : la peur, la culpabilité, l’auto-flagellation, le sacrifice, l'ego, l'auto-bienveillance, l'équilibre, le choix.
La peur est omniprésente dans ma vie, bien qu'à des degrés moindres avec l'âge. Intellectuellement, je sais que ces peurs n'ont plus de raison d'être pour la plupart. Du coup, elles ne s'adressent plus à mon mental, elles préfèrent écraser mes envies. Mon corps aime trop les défis, il prend connaissance agit ou réagit.
La culpabilité maintient en moi, toujours prêts pour un top départ, des interdits idiots. Aujourd’hui, je les trouve idiots, à l'époque, ils étaient une évidence. Je me revois m’interdire de nombreuses opportunités par manque de confiance en ma capacité à créer une continuité, un meilleur environnement de vie pour moi.
J'ai quelques regrets, je l'avoue parce que j'aurais pu.
Les opportunités sont revenues sans relâche ; certains membres de mon équipe les attiraient, sous différentes formes. Au lieu de les saisir, je chaussais mes œillères et suivais le sillon bien tracé de mes habitudes.
Maintenant, j'éloigne la culpabilité par des « je m'autorise » lorsque c'est là, à ma portée et que j'en ai envie. Pourquoi m'en priverais-je, maintenant que me créer un environnement plaisant est à ma portée. Honnêtement ça ne marche pas toujours et pas pour tout... Et pour cause, la culpabilité est comme un os porteur dans ma charpente. Enlevez un mur porteur d'une construction... Vous le remplacez par quoi pour maintenir debout l'édifice ? Une copie quasi conforme ? On enlève un mur porteur dans une restructuration globale....Pas seulement pour agrandir un espace !
La peur et la culpabilité cultivent l'auto-flagellation et le sacrifice. Dès que je sors de la zone balisée par le devoir et les normes de respect inscrites en moi, ces saboteurs prennent les rênes et la direction des compulsions, des erreurs et du mal-être. Ils ont, hélas, la puissance de malmener mon 1er cercle !
Le sacrifice, à ma connaissance, ne procure ni plaisir, ni soulagement pour personne, il en est de même pour se miner pour les autres. Montrer l'exemple se révèle plus productif.
Mon ego s'est manifesté dès mon plus jeune âge par une mise à l'écart, liée à mon physique. S'en est suivi une forme d'abandon de moi de plusieurs années. Puis, une remontée progressive et passionnante poussée par : « tu n'es pas là que pour vivre la vie des autres, sois toi ! » , j'ai osé, un peu plus souvent, prendre le coche quand il passe plutôt que de tirer la charrette. Mon ego enfile, de plus en plus souvent, la combinaison de la fierté. Ça lui va bien.
L'auto-bienveillance fut au cœur d'une crise existentielle, d'adolescence très tardive. Invitée à vivre loin des miens, j'ai voyagé, étudié, me suis rencontrée. J'ai appris à compter sur moi et ça fonctionnait assez bien ; à privilégier mes attentes et je fus surprise d'en avoir plusieurs. J'ai compris que pour recevoir, il me faudrait accepter de prendre, plutôt que m'efforcer de mériter et qu'en matière d'affection, de bienveillance, en m'en donnant à moi-même souvent, je finirais par discerner et éconduire, venant d'autrui, l'affectif/manipulation/maltraitance pour de l'affectif bienveillant.
L’équilibre est constant. Lorsque je dis « je cherche mon équilibre » cela signifie : « je veux changer d'équilibre ». Dès que j'ajoute un élément dans ma vie, il me faut réajuster l'ensemble. Lorsque j'ai voulu plus d'amour, il m'a fallu comprendre mes représentations affectives ! J'ai encore du boulot pour parvenir à bouger mon équilibre en la matière ! J'exagère, il a déjà pas mal bougé... Je ne me refais pas, je veux toujours plus !
Dans une certaine mesure, j'ai le choix ! Si, par exemple, la météo annonce de la pluie, je ne pourrai pas y échapper si je reste ici. Par contre je peux choisir d'en profiter pour un grand ménage, mettre à jour mon administratif, écrire.... Ça a l'air stupide comme exemple, oui et non ! C'est applicable à tous nos actes : si je me fais virer, je peux faire quoi ? Après avoir pleuré un bon coup !

Le troisième cercle : les joies, les victoires, les échecs.
Chaque nouveau pas est un challenge quand il me rapproche de la victoire. Le cri du cœur : j'ai réussi, j'ai fait du bon boulot..., encore aujourd'hui peut convoquer la culpabilité. La joie prend sa place lorsque le « je m'autorise » écrase l'auto-saboteur, l'auto-flagellant enveloppant ma victoire. A ce jour, je ne sais pas comment banaliser la victoire.
En attendant, mes joies me donnent la pêche et cet élan je le partage avec le plus grand nombre.
Mes échecs me rassurent, ne déclenchent aucun rappel à l'ordre culpabilisant, Ils m'offrent la perspective de futures victoires. Je ne vois que cela pour justifier leur nombre...

Quatrième cercle : l'amour, la volonté, la confiance en autrui, la générosité.
L'amour, pour des raisons personnelles de sécurité, joue un rôle de miroir. J'aime quelqu'un, quelque chose, quelque part, parce qu'en sa présence, je m'aime, je me sens bien , je libère des côtés de ma nature qui me plaisent, que j'apprécie et inversement.
La volonté stimule, encourage tant que je lui obéis. A la moindre faiblesse, la culpabilité prend le dessus armée de ses puissants saboteurs.
La seule personne en qui j'ai confiance, c'est moi ! Personne ne peut me décevoir, ce serait à moi-même que j'en voudrais d'avoir espéré, attendu quelque chose de quelqu'un qui n'est pas en devoir de me le donner.
Lorsque je donne quelque chose à quelqu'un, la première personne à qui je fais plaisir, c'est moi. Autrement je suis dans le sacrifice.

Cinquième cercle : les gens, l'environnement.
Les rencontres, revoir les gens me passionnent. J'adore le partage d'un ressenti, d'une émotion, d'une expérience, l'intimité des confidences. Qu'il s'agisse d'un échange ou d'une écoute à sens unique, c'est toujours un bon moment, une découverte, une visite d'un autre monde, d'une autre vie que la mienne. Tout m'intéresse, me touche, réveille ma compréhension, me ressemble. Certes, j'ai parfois du mal à comprendre comment et en quoi. Pourtant je reste persuadée que je suis ce que je vois...
Ma perception de mon environnement, de la vie locale, de ce qui m'intéresse dans la société, m'en dit également long sur qui je suis. Je reste attentive à mes ressentis.

Sixième cercle : les croyances, la nature, la confiance en la vie.
Mes croyances créent ma réalité. Mon équipe a des priorités et des valeurs qui lui sont propres et il en est de même pour tout un chacun, d'où quelques difficultés de communication. Il m'arrive d'interrompre une conversation par : on parle d'autre chose ? Et généralement je lance un autre sujet qui s'il ne plaît pas à mon interlocuteur aura pour réponse :  « tu ne t'intéresses qu'à toi » ou quelque chose dans ce genre....Je suis ce que je vois....
La nature, ses énergies sont mon plus grand soutien. C'est une constatation. Après une grande balade en montagne tout va mieux, même si j'en ai profité pour ressasser, des heures entières, toute mon amertume.
A l'heure actuelle, je pense que la vie est. Elle est. Sa dimension dépasse mon entendement. J'ai confiance en la puissance créative et bien plus depuis ma lecture des accords toltèques de Don Miguel Ruiz.

Si vous le souhaitez, nous pourrions examiner ensemble votre équipe...

Bien à vous, Aline Kestenberg

**************************


Revenons au mercredi 18 septembre 2019, 1ère journée internationale du Pardon.
Pas facile de pardonner, qu'en pensez-vous ?
« Je pardonne mais n'oublie pas » ; « Je pardonne mais ne veux plus croiser cette personne ». Pardonner ou ne pas pardonner, dans ces conditions, revient au même. L'ombre de ces moments pénibles reste omniprésente. Notre tentative de pardonner se solde par des aigreurs et un mal-être intérieurs.
Que dit le Larousse à propos du pardon : « Fait de ne pas tenir rigueur d'une faute... ». Pardonner gommerait toute trace de méfait et donc de notre souffrance. Nous accepterions de reprendre des relations, avec ces monstres, comme s'il ne s'était rien passé.... Dur, Dur ! Au fond de moi, je sais bien que la haine subsiste.
J'ai pensé et testé une autre option. Que diriez-vous de se pardonner soi-même ?
« Je me pardonne de ne pas parvenir, ou d'avoir définitivement renoncé, à pardonner ces monstres qui m'ont abusée, maltraitée... J'en passe et des pires... ». Dans la foulée, je me pardonne également ma naïveté, mes faiblesses.... Plus facile alors, de s'autoriser à vivre dans la joie, le courage, l'estime de soi et la confiance face à ces monstres !  Aline Kestenberg

Prends en considération le lien entre extérieur et intérieur, par exemple la pollution : ne te sens-tu pas polluée intérieurement par des désirs multiples parfois contradictoires, des accumulations, des tentations, des absences qui t'empêchent de te sentir bien, aimée, d'aimer aussi ? Comment recycler, dépolluer, ou encore carburer à autre chose que la torture, l'auto-sabotage ? Comment mettre un terme à toute cette pollution... AK

« À un certain moment, on ne supporte plus l’addiction aux causes de la souffrance. Quand un oiseau s’échappe de sa cage, on ne peut pas dire qu’il renonce à sa cage, il s’en libère. Que la cage soit en fer ou en or ne change rien à l’affaire. ».  Matthieu Ricard

Une brève histoire de l'Evolution... L'univers et la matière - Syti.net www.syti.net/Universe.html
"Prenons les six journées de la Genèse pour représenter ce qui, en fait, s'est passé en quatre milliards d'années. Une journée égale donc environ 660 millions d'années.
Notre planète est née le lundi à zéro heure.
Lundi, mardi, et mercredi jusqu'à midi, la terre se forme.
La vie commence mercredi à midi et se développe dans toute sa beauté organique pendant les trois jours suivants.
Samedi après-midi, à quatre heures, les grands reptiles apparaissent. Cinq heures plus tard, à neuf heures du soir, lorsque les séquoias sortent de terre, les grands reptiles disparaissent. L'homme n'apparait qu'à minuit moins trois minutes. Le Christ nait à un quart de seconde avant minuit. A un quarantième de seconde avant minuit, commence la révolution industrielle...
Il est maintenant minuit, samedi soir, et nous sommes entourés de gens qui croient que ce qu'ils font depuis un quarantième de seconde peut continuer indéfiniment."
David Brower

«Un jour, on demanda à Michel-Ange comment il avait réalisé sa Pietà ou son David. Il répondit qu'il se contentait d'imaginer la statue déjà présente dans le bloc de marbre, puisqu'il le taillait pour découvrir ce qui s'était toujours trouvé là. La merveilleuse œuvre d'art, déjà créée et existant de toute éternité, n'attendait que le moment d'être révélée.
De même, le grand personnage qui se trouve d'ores et déjà en vous est prêt à apparaître en plein jour. Chacun de nous porte en lui les graines de la grandeur. Les "grands" n'ont rien de plus que les autres: ils se sont simplement débarrassés des nombreuses entraves qui les empêchaient d'exprimer le meilleur d'eux-mêmes.»
– Elisabeth Kübler-Ross

«La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.»
– Albert Einstein
 « La pensée positive c’est bien, l’action positive c’est mieux »
-  Zipporah Dobyns
« Lorsque la lumière brille de l’intérieur, nous ne pouvons plus rester dans l’ombre »
Bien à vous, Aline Kestenberg  

       Le libre arbitre !


« Que faites-vous du libre arbitre ? » me demande-t-on fréquemment, principalement lors de conférences. 

Belle question ! A laquelle nous pourrions réfléchir ensemble.
Voyons l’expression en elle-même :
Arbitre : personne chargée de faire respecter le règlement, les règles du jeu.
Libre : liberté de choisir, choix personnel.
Cette expression dit qu’en chacun de nous est un « arbitre libre » non obligé de se conformer à une quelconque normalisation, applicable à tous et pour tous.

Notre libre arbitre, c’est en somme un arbitre qui a une bonne connaissance de notre règlement intérieur. L’élaborateur et le gardien de ce règlement, sont notre conscience tranquille.
Quelques soient nos agissements, notre arbitre personnel s'applique à maintenir notre conscience sereine, éloignant avec ses moyens, toute possibilité d’enfreindre ses principes. Cette conscience s’élabore exclusivement à partir de notre perception personnelle de la réalité. Cette réalité est enrichie de ce qui nous reste de notre éducation et notre compréhension des lois de la nature et de celles de la société.
Voyons avec un exemple : Si pour une personne, le succès c’est de l’orgueil : au moindre succès, carton rouge ! Le carton rouge se manifeste alors par un revirement désagréable de situation et la route au succès est barrée. La déviation nous irrite, nous nous perdons, enfin bref, la sensation d’impasse n’est pas loin.
Autre exemple : Si nos références affectives ancrées au fin fond de notre être émotionnel sont associées à des sensations douloureuses, des souvenirs de parents malheureux, d'expériences amicales de notre enfance décevantes, d’amours bafoués, des mémoires d’abandon encore sensibles, notre carton rouge se manifestera par des difficultés à rencontrer les bonnes personnes avec qui nous aimerions partager notre vie. Bien sûr, nous n’avons pas l’impression d’être affectés par des expériences passées ou présentes,  désagréables. Le passé, c’est le passé, et je ne ferais pas les mêmes erreurs, se dit-on. Nous avons l’impression de tout simplement vouloir accéder à une vie normale que tout être humain est en droit d’avoir, à savoir vivre avec quelqu’un, possédant toutes les qualités auxquelles nous aspirons, au sein d’un groupe.
Le fait même que ce ne soit pas notre présent, ou que nous ne sachions pas comment cette situation agréable pourrait survenir dans un futur proche, indique une contradiction entre un désir, au devant légitime, et notre règlement intérieur vis-à-vis de ce désir. Un cas de conscience pour notre législateur intérieur qui pour le moment brandit le carton rouge.
Comme tout joueur face à un arbitre, le carton rouge en main, nous réfutons la faute !
Pour aller de l’avant dans ce cas de figure, il convient de revoir les fondements de notre législation interne. En ce sens, notre thème astral est un excellent outil pour comprendre nos lois intrinsèques puisqu’il décrit notre propre perception de la réalité.
En conclusion, l’astrologie soutient le libre arbitre via l’apport de compréhension et des possibilités d’actualisation du libre arbitre. 
     
                                                                       Bien à vous, Aline Kestenberg

12/12/17
Passerelle temporelle
A qui veut passer à autre chose….

Aussi fascinant qu’impalpable, ce passage dans le monde des possibles, est là pour tout un chacun. Encore faut-il le savoir.
Cette passerelle se situe entre notre passé et notre avenir.
Sépare-t-elle vraiment deux sphères si différentes ? Pour la plupart d’entre nous, non, hélas.
Pourtant nous aimerions. Ce serait tellement bon de vivre autrement… Quel est donc la nature de l’obstacle ?
Notre formatage.
Nous voyageons plus ou moins bien sur les rails de notre vie et hésitons à sauter du train-train en marche.
Pourtant, dès notre plus jeune âge, nous apprenons à nous adapter. C’est une question de survie. D’ailleurs, comme le monde est bien orchestré, afin de maintenir en forme cette faculté, chaque jour apporte son lot de points d’interrogation : la météo, une machine en panne, une grève, se sentir aimé, protégé, notre humeur et celle de notre entourage, la violence, nos aspirations, nos déconvenues, les affres de la vie, l’imprévu, etc...  Et là, souplesse oblige !
Le piège c’est la répétition.
Les ajustements à force d’être répétés se transforment en habitudes, puis en réflexes.
Nous le savons, notre discernement, notre raison n’ont pas accès à nos réflexes. Par contre nos réflexes impactent nos sens, nos organes et toutes nos cellules.
Des cellules, nous en avons beaucoup, c’est de l’ordre de plusieurs centaines de milliards. Oui, cela fait du monde à convaincre, à stimuler surtout vis-à-vis d’un changement.  Nous devrions leur montrer un peu plus d’égards, elles sont très puissantes et réactives, en cas de désaccord elles débrayent, dysfonctionnent, engendrent du mal être, du stress, une humeur en dents de scie, voire des maladies.
Une des causes de la débâcle intérieure résulte de nos automatismes obsolètes et encore en faction, comme par exemple, bon nombre de nos peurs. La peur, dont nous ne réalisons pas l’amplitude du déploiement, paralyse notre bonne volonté.
Notre intelligence perspicace, use alors de traitements de choc pour provoquer des modifications de trajectoire : les déclencheurs de remise en question existentielles.
-          Les périodes de crise, maladie, chômage, séparation, deuil…
-          Les périodes très heureuses de rencontre, naissance, fêtes, vacances, travail, gain, coup de bol, bonnes idées…
-          Les bonnes résolutions.
Défaut de mémoire.
Malgré une motivation de belle taille, le doute, aux aguets, parvient à se faufiler avec sa harde de « oui, mais… peut-être que… »… Panique à bord…. De plus, nous ne trouvons aucun soutien pour maintenir la barre dans la direction du nouveau cap. Et pour cause ! L’altération de notre rythme « habituel » a eu des répercussions indésirables sur l’équilibre de notre entourage qui n’avait rien demandé. Notre environnement subit et réagit en mode rouleau compresseur pour éviter la contamination d’une quelconque influence. Il est tout content de nous voir flancher et revenir dans le rang, au bercail.
Merci d’être venue, chère nouvelle expérience, bien essayé mais pas de place pour l’innovation, alors circulez, plus rien à voir ! 
Cherchons l’erreur.
Le plus souvent, hélas, notre ambition, (de l’ordre de : « je veux plus de…. Ou moins de… »), puise sa consistance dans la jungle de notre passé. Donc, nous voilà en posture bûcheronne, empoignant la scie, fort de notre détermination. Nous tirons, repoussons encore et encore, nous tirons sur la bonne volonté, repoussons la tentation jusqu’à mettre en pièces nos mauvaises habitudes… 
Ont-elles disparu pour autant ? Non, elles sont toujours là !
L’attitude « on ne m’y reprendra plus », ne vaut pas mieux. Malgré un démarrage parfait, la suite semble emboîter le pas vers pire. En dépit du changement de décors, des nouveaux personnages, les mêmes dilemmes et situations ressurgissent. L’attitude n’a pas vraiment changé.
Ne baissons pas les bras, la solution, c’est l’attitude. Toutefois, l’attitude dépend beaucoup de notre perception du monde. Pas simple !? Mais intéressant de creuser !
Comment provoquer le fameux « déclic », le grand Sésame de l’ouverture ?
Peut-être qu’en étant déjà dans l’ouverture, ce serait plus facile d’appréhender ce qui bloque ?
Prenons l’attitude de la personne que nous voulons être et là nous saurons. Entrons en négociation avec nous-mêmes pour trouver des solutions là où ça coince.
L’instant présent devient un magnifique présent parce que 
Tout commence maintenant !

Je suis disponible si vous souhaitez des précisions….
Bien à vous et à bientôt, Aline Kestenberg



18/11/16
Les fiançailles….

Avertissement : Ecrire ces nouvelles m’est un divertissement et un support de réflexion. Les personnes et les situations sont fictives.
D'autres pages "onglets" sur ce blog sont entièrement consacrées à l'astrologie.

F – Bonjour Justine ? C’est Florian.
J – Bonjour mon petit frère adoré, que me vaut le plaisir de si bonne heure ? Tu hésites encore entre deux cravates ce matin ? 
F – Arrête, ce n’est pas le moment.
J – Mince, excuse, rien de grave au moins ? Non, les parents m’auraient déjà avertie, ils m’appellent pour un oui, pour un non ces jours-ci.
F – T’inquiète, tout va bien, enfin, je ne suis pas si sûr. Quelque chose de très simple, de très heureux, j’en parle aux parents et tout se complique.
J – Je comprends mieux, ils voulaient savoir si je savais ce que tu vas me dire… Alors dis-moi de quoi s’agit-il ?
F – Voilà, j’ai demandé la main d’Audrey, la date des fiançailles est fixée au dernier dimanche de novembre. Cette date leur convient et vous ?
J – Waouh ! Bien sûr que cette date nous convient. Félicitations frérot ! Alors, tu t’es déclaré et dans les règles de l’art, j’imagine… Restau, un genou à terre, le grand jeu, comme dans un film ! Elle, toute émue, intimidée, heureuse, une petite larme peut-être ? C’est chou ! Tout le monde a dû vous applaudir.
F – Oui, dans les grandes lignes c’est ça. J’avais l’air d’un c… Heureusement que vous n’étiez pas là !
J – Dommage tu veux dire ! Les parents vont enfin pouvoir lancer leur Sardounette qu’ils chantonnent à chaque nouvelle conquête que tu daignes leur présenter, tu n’y échapperas pas. Je les entends déjà répéter en cœur « On vient de marier le dernier… ».
Alors quel est le problème ? Qu’est-ce qui préoccupent les parents ?
F – Tu es le pilier de la famille ! Ils attendent tes impressions.
J – Dur dur de maintenir aussi les fondations sur lesquelles j’ai grandi, mais bon passons…
Tu as demandé sa main à son père ?
F – Oui, comment tu sais ?
J – C’est l’ordre classique de ce qui précède !
F – Je sais, tu trouves ça ringard mais Ma Fanfan aime et son papa aussi, ils ont du mal à couper. J’aimerais, je préférais, enfin si je pouvais ne pas me le mettre à dos ce serait mieux. Il a un bras très long.
J – Aïe ! Le pauvre, que du sur mesure !
Je te trouve bien soucieux pour quelqu’un qui se fiance. Ton Audrey t’aime, alors son papa est certainement très heureux ! Elle a de la chance Fanfan de t’avoir trouvé.
Donc tu l’appelles « Fanfan », comme « Fanfan la tulipe » ? Charmant et original…
F – Arrête ! Ça m’a échappé.
Fanfan comme un petit Faon, son père l’appelle « Ma Biche ». Je prends le relais du grand cerf protecteur, je ne remplace pas. Elle est un peu nerveuse, se pose un tas de questions, elle me met carrément la pression, m’appelle plusieurs fois par jour et s’attend à ce que je lui réponde sur le champ ou la rappelle tout de suite.
Si je te fais rire, tant mieux !
Ils sont comme nous, très famille, mais un autre genre. Elle n’arrête pas avec ses « mon Père » par-ci, « mon Père » par-là, 27 ans quand même. Bon enfin, c’est comme ça pour le moment et ça passera parce que tout passe, comme tu le dis !
Son père tient au déjeuner de fiançailles en famille chez eux. Ils ont un grand jardin, dont ils sont très fiers. Audrey n’est jamais venue chez les parents, je les ai invités une fois pour qu’ils la rencontre. Maman en avait assez du défilé, elle s’attache trop et préférait attendre un engagement pour la prochaine.
J – Oui, je sais.
F - J’appréhende un peu. Je compte sur toi pour m’aider à ce que tout se passe bien avec tout le monde de chez nous surtout chez eux, enfin non, tout le temps.
J – Bien sûr mon Frérot adoré, tu peux compter sur moi, relaxe. Combien de personnes ?
F – C’est réservé à la famille proche : Les parents, les grands-parents, les frères, sœurs, leurs conjoints et leurs enfants, Audrey et moi.
J – Les animaux domestiques sont autorisés ? Caroline ne voudra pas laisser son chiot tout seul toute la journée, mais ne t’inquiète pas, elle ne le lâche pas d’une semelle. Et puis, elle s’est beaucoup calmée depuis que tu as eu cette idée merveilleuse de lui offrir cet animal. Ne t’inquiète pas, il est propre maintenant et si on le surveille il ne s’en prend plus aux pieds de chaises. Mais comme je te dis, en dehors de la maison, elle ne le lâche pas d’une semelle, trop peur qu’il s’empoisonne ou qu’il se roule dans des textures collantes et nauséabondes, ce qui me met hors de moi et personne n’aime que je sois en colère alors tout le monde l’a à l’œil et il est tellement mignon et rigolo, pas de problème. J’imagine bien que ce doit être nickel chez ta belle famille, mais une poubelle renversée et hop, il se vautre et il sait renverser les poubelles, hélas. Bon passons à autre chose.
Je suis certaine que les parents auraient préféré un déjeuner au restaurant de Lucile.
F – Je sais, mais bon, ils acceptent de venir.
Je vais me renseigner pour le chiot, ils ont un chat mais c’est vrai Caroline a vraiment changé.
Bon, autre chose, si tu pouvais les briffer elle et mémé afin qu’elles évitent les chansons paillardes au dessert, ce serait bien.
J – Tu plaisantes ? Je te laisse le soin d’expliquer la chose à mémé.
F – Pourquoi ?
J – Parce que c’est son idée à elle pour se rapprocher de  son arrière petite fille. Reconnais le, elles sont rigolotes toutes les deux dans leur duo inter-génération.
F – Tu vas leur demander ?
J – Oui, mais bon, elles oublieront, mais t’inquiète ça plaira à ta belle famille. Tout le monde en redemande.
Bon alors comment tu organises, comment t’aider ?
F – Le père d’Audrey  se charge du repas. Je vais voir avec lui pour prendre le vin et m’arrangerai avec Papa et Maman qui tiennent à participer. Ils sont un peu contrariés qu’il n’y ait pas une rencontre préalable qu’ils puissent voir directement avec eux comment s’organiser et les décider à venir chez Lucile.
J – Je les comprends. Mais attend, tu veux dire que ta sœur Lucille, chef d’un restaurant une étoile ne cuisinera pas le repas de fiançailles de son frère adoré ? Elle ne va pas du tout aimer. Tu lui expliqueras que ça n’a rien à voir avec ses ris de veau à l’ancienne qu’Audrey n’a pas daigné goûter.
F – Tu recommences ! Je stresse et t’en rajoute !
J – Mais non, nous serons tous ravis de rencontrer ta belle famille. C’est toi qui mets la pression là.
F – Tu penses bien que j’ai proposé à Audrey un dîné préalable avec les parents mais elle dit que son père ne voudra pas. Je lui ai demandé en direct devant elle et il m’a expliqué qu’il préférait rencontrer tout le monde d’un coup. Sa lui fend le cœur de voir sa fille unique grandir et partir vivre sa vie.
J – Tu m’avais dit qu’elle avait trois frères ?
F – Oui, elle n’en reste pas moins sa fille unique.
J – Ah oui, d’accord. Bon, autre chose ?
F – Audrey adore les couleurs pastel, elle n’impose pas bien sûr, mais des fiançailles couleurs pastel, ce serait bien, qu’en dis-tu ?
J – Du pastel fin novembre ??? Quasiment après la Toussaint ? Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. De plus, comme tu le sais Michel est à fond sur le tyrolien. Il fait un tabac avec ton tuyau.
F – Oui, je sais. Mais bon, il sortira bien du boulot pour une journée, non ?
J – Non, il adore et ne s’habille plus qu’en Tyrolien.
F – Tu vas essayer de lui expliquer ? C’est important pour moi.
J – Oui, bien sûr. J’essayerai mais il va trouver ça bizarre, pas cool du tout…, chiant aussi.
F – Je voudrais que tout soit bien, aille bien, que je puisse me marier dans les meilleures conditions possibles. Je te rappelle que pour ton mariage, tu ne voulais pas de ma compagne de l’époque et que j’avais cédé.
J – Tu avais rompu avant la fête.
F – Ce n’est pas une raison, j’avais accepté avant de rompre.
J – Tu m’as l’air bien anxieux. Tu es sûr que ça va ?
F – Non, j’ai peur que mon ex vienne contacter Audrey. Elle m’en veut encore tu sais.
J – Vous êtes restés en contact ?
F – Non, tu penses bien que non, une furie pareille. C’est Franck qui m’en a parlé.
J – Pourquoi veux-tu qu’elle t’embête, elle t’a laissé tomber, depuis au moins quatre ans.
F – Tu ne peux pas comprendre, tu ne la connais pas aussi bien que tu crois.
J – Nous travaillons ensemble et elle ne m’a rien dit, pas la moindre allusion. Tu te trompes. Mais dis voir, y’a un problème, tu me caches quelques chose ? Qu’est-ce qui t’arrive ?
F – Je l’aime, je veux que tout ce passe bien, que rien, ni personne ne viennent contrarier mes projets, nos projets.
J – Tu es sûr de vouloir partager le reste de ta vie avec Audrey ?
Ou tu veux juste de caser ? Et au fond de toi, la bagarre bat son plein ? !


Bien à vous, Aline

18/10/16
Quand tout bascule ….

Avertissement : Ecrire ces nouvelles m’est un divertissement et un support de réflexion. Les personnes et les situations sont fictives.
D'autres pages "onglets" sur ce blog sont entièrement consacrées à l'astrologie.

Cette jeune femme sur le bord de la route, cette allure « je n’ai peur de rien », ces traits résolus, ce regard secret, c’était ma fille…
Le pouce en l’air, non pas du tout son style, enfin je n’en sais rien. Après tout, qui sait si elle n’aurait pas aimé ?
Qu’est-ce que je me raconte encore, elle est morte, elle avait seize ans…, dix ans déjà et je divague depuis.
Officiellement c’était un accident. La voiture l’a fauchée alors qu’elle s’amusait à garder l’équilibre sur la bordure du trottoir. Sa mère la sommait d’arrêter et en réponse elle riait. Le chauffeur ne l’a pas vue, il tentait d’éviter un chauffard venant en sens inverse qui lui se croyait dans une rue à sens-unique…
En réalité, notre fille est morte étouffée dans l’impasse pavée de bonnes intentions où nous l’avions conduite : éducation ludo-éducative à l’apparence sympathique complétée d’activités extrascolaires à la fois distrayantes et éducatives. Les bonnes et très bonnes appréciations des professeurs nous rassuraient sur ses potentiels, son avenir et nos choix. Aucun incident de parcours, aucune réclamation, pas le moindre indice d’insatisfaction, n’étaient venus remettre en question ces fameuses orientations que seuls ma femme et moi décidaient. Notre fille avançait sereine sur la route que nous lui avions tracée.
Je me souviens très bien, avoir parfois douté. Mais bon, changer d’attitude, de direction alors que tout roulait, l’aurait certainement perturbée. Ses performances scolaires, artistiques et sportives en auraient pâti. Un désordre incontrôlable aurait succédé à l’ordre dans lequel nous nous sentions tous bien. Alors pourquoi changer ?
Si elle était restée, peut-être aurait-elle appris à claquer la porte en hurlant « laissez-moi vivre Ma Vie ! ». Tout comme elle aurait pu décider, un jour, d’escalader l’Everest. Au détriment de quoi serait-elle parvenue à dégager du temps et de l’énergie pour accéder aux conditions physiques et morales requises ? Quelles concessions avec son emploi du temps, son corps aurait-il été capable négocier ?
Vers sa douzième année, ses yeux découvrirent pourtant un autre monde. La télévision, internet et puis, des élèves parfois plus jeunes qu’elle, s’autorisaient des libertés inimaginables à ses sens, mais très tentantes. Une fois, je l’ai surprise à clamer gros-mots et insultes, alors qu’elle se croyait à l’abri des oreilles parentales, s’était-elle excusée. La violence, la boxe notamment après avoir découvert le film « Million Dollar Baby » la fascinaient. Notre jogging hebdomadaire et les sports d’hiver ne lui suffisaient plus. Au lieu de la soutenir dans ce sport qui aurait pu lui plaire, nous l’avions gentiment ramenée à la « raison » après quelques séances douloureuses, par peur qu’elle ne se fasse vraiment du mal et aussi je l’avoue, qu’elle se laisse influencer par de potentielles mauvaises fréquentations.
C’est là que nous avons loupé le coche, nous aurions dû croire en son bon sens et l’encourager avec les traditionnels « c’est le métier qui rentre ! ».
Elle persistait à considérer comme un échec alors que nous lui disions qu’il s’agissait juste d’une expérience à laquelle elle avait eu raison de mettre un terme, la vache, question manipulation, nous n’y allions pas de main morte. Elle a commencé à montrer des signes d’incapacité à gérer des situations inhabituelles et parfois même à paniquer comme quand elle a émis le désir d’adopter un petit chien. Après quelques discussions et bons arguments de sa part, nous avions cédé. Un matin, en pleurs, elle nous annonça qu’elle n’en voulait plus parce qu’elle n’était plus très sûre de savoir s’en occuper. Nous tentions de la tranquilliser en lui rappelant que nous serions là nous aussi, avec elle, mais rien n’y fit et elle décréta qu’il s’agissait d’un caprice et qu’elle ne voulait plus en entendre parler.
La peur de l’erreur, de ne pas être à la hauteur, la tétanisaient.
Je me souviens d’une fête anniversaire costumée organisée par les parents de l’une de ses amies. Aidée de sa mère, elles avaient confectionné une variante de la tenue de « wonder-woman ». Au dernier essayage, elle dit « non » trop parfait, trop sexy, passée de mode et demande à aller dans un magasin de location de costumes. Arrivée dans la boutique elle se jeta sur un costume de sorcière avec une perruque orange, chapeau pointu et un balai. « C’est parfait, je serai dans les moins beaux ».
Nous étions dépassés. Notre petite chérie souffrait manifestement de jalousies mais ne voulait absolument pas en parler.
A la sortie de son coma, lorsqu’elle fut en état de comprendre son état alors que nous n’avions cesse de lui expliquer que tout peut s’arranger avec du courage et de la persévérance et cela elle en avait. Elle verbalisait très clairement sa décision de ne pas se battre. Elle nous avait carrément suppliés de la laisser partir. Nous avons argumenté plusieurs heures, plusieurs jours.
Extrêmement fatiguée, droguée aux antidouleurs, branchée de partout, elle ouvrait à peine les yeux. Elle campait sur sa décision, nous demandait pardon, refusait de s’alimenter ou de boire, arrachant les perfusions, nous avait informé le corps médical pour justifier les bras attachés au lit... Nous nous sommes résignés à refuser l’acharnement thérapeutique.
Quelques jours plus tard, elle déclarait une septicémie foudroyante.
Très vite nous n’avons plus supporté tout ce qui nous la rappelait. En proie à une culpabilité écrasante, à des regrets déchirants, à des reproches violents, ma femme et moi descendions étape par étape vers l’Enfer. J’ai pensé mériter la prison, au regard de la manipulation que nous avions exercée sur elle, mais personne n’a porté plainte contre nous.
Nous avons décidé de nous séparer pour préserver les quelques moments heureux, encore épargnés, de notre belle aventure familiale.
A partir de là, le changement fut radical.
La liberté du choix me pesait, m’écrasait, choisir de vivre pourquoi, pour qui ? Cette notion de choix, avec toutes les mauvaises tentations devant lesquelles j’ai été lâche, qui sait si ce n’est pas ce dont nous avions voulu la préserver ?... Et en fin de compte, j’ai échoué…
J’entretenais mon calvaire avec application, me flageolant régulièrement de « j’aurais dû » épineux. Notamment,  j’aurais dû la laisser prendre d’autres appuis que les nôtres, la laisser découvrir, avancer à son rythme, la laisser se tromper, tomber, apprendre à se relever, tomber encore, parfois autrement, de se relever à nouveau, se muscler, discerner par elle-même ce qu’elle aimait, en peu de mots, la laisser se construire, et vivre en accord avec ses propres valeurs.
Maintenant c’est trop tard.
Après plusieurs années à attendre mon dernier souffle sans comprendre pourquoi il tardait autant, j’ai décidé d’accepter et d’assumer ma peine. J’ai quitté la ville pour m’installer dans un coin perdu du massif central avec le projet de transformer en habitation un corps de ferme. Les premiers mois furent très rudes entre les intempéries et l’apprentissage des métiers du bâtiment. Pour un conseiller en Fusions-Acquisitions, manier la pelle, la brouette et la truelle c’est tout un art.
Je meublais les jours, un à la fois, assez mal d’ailleurs en suivant une liste de tâches à accomplir. Mes récréations consistaient à surveiller mes placements boursiers, l’une de mes dernières attaches à un passé exaltant, ma mémoire s’imposant en première ligne. Mais peu importe, l’argent ne renfloue pas ma pauvreté d’âme.
L’environnement fermier, une trentaine d’habitations tout au plus, assez espacées ajoutent l’impression de vide. Une auberge-épicerie-tabac-pmu-radio-cancan centralise la vie sociale du lieu-dit.
Les touristes ne viennent pas, ils s’égarent croyant prendre un raccourci pour atteindre la nationale alors que c’est un cul-de-sac, seul un sentier carrossable rejoint la grande route. Des jeunes viennent parfois proposer leurs services pour quelques mois.
Je me suis arrêté à la hauteur de cette auto-stoppeuse. De près, c’était encore plus ma fille, sauf qu’elle n’aurait pas aimé voyager avec un vieux sac informe. Est-ce que les malles et valises haute couture, lui convenaient mieux ? Probablement pas. Entre ces deux extrêmes, nous ne lui avions jamais dit qu’il existait un monde immense. Elle a dû croire qu’il n’y en avait pas. Elle est sortie de la vie par manque d’options intermédiaires.
Je me rendais à l’auberge pour y prendre mon déjeuner comme tous les mardis avant le cours d’informatique que je dispense à mes deux élèves, deux grand-mères assidues. Je l’en informais et me proposais de l’inviter. Cette ressemblance me troublait. Je voulais savoir qui elle était et comment elle avait atterri ici. Après son Bac, elle avait trouvé un job d’été pour ensuite entrer en fac de médecine, un mois après elle laissait tout tomber pour une année sabbatique pendant laquelle elle souhaitait rencontrer le monde agricole, rien sur sa famille et rien sur ses amis.
Globalement, j’ai été très maladroit, « franchement la praline » comme aurait dit ma fille, avec mes questions relevées de suggestions à peine dissimulées. Elle m’a laissé en plan ayant à peine touché son assiette. En guise d’au-revoir et merci elle m’a juste dit «  le gavage, très peu pour moi ! ».
Je m’étais adressé à cette jeune femme, comme à ma fille lors d’un déjeuner où elle m’aurait parlé d’un résultat moins bon sur un contrôle de math. Cette personne n’était pas ma fille, elle avait déjà dû entendre mon discours chez elle et ne souhaitait le retrouver dans ce coin paumé !
Mes conseils avaient déjà fait leurs preuves, ma fille en était morte. Cette jeune femme cherchait simplement un boulot logé/nourri avec rétribution et à vivre sa vie.
Je me sentais piteux. Comment avais-je pu être aussi nul ?
Mon épaule me lançait à nouveau comme à chaque fois que je m’en voulais, c'est-à-dire quasiment tous les jours. Je n’avais plus d’analgésiques à la maison mais ne me sentais pas le courage de retourner en ville. La douleur avait le pouvoir de mobiliser mes pensées alors ce soir j’allais être servi.
En repartant, je l’aperçus sur le bord de la route.
Ce n’était pas le bon jour pour trouver des voitures allant en ville. Le marché c’est le vendredi. C’est la campagne, les gens d’ici ne vont pas en ville pour un oui ou pour un non.
J’ai vu ma chance papillonner au bout de son pouce qui s’est baissé quand elle a reconnu la voiture. Je lui ai proposé ce qu’elle cherchait ou presque, c'est-à-dire de m’aider à restaurer la grange pour le boulot/nourrie et la rétribution. Elle aurait du temps pour rencontrer les fermiers du coin. Je lui précisais qu’il était tard, qu’il lui faudrait un endroit pour cette nuit et que je connaissais une grand-mère qui pourrait l’héberger. Après une minute de réflexion, elle accepta de voir le chantier et la grand-mère. Je l’ai conduite chez une de mes deux élèves parce que demain il ferait jour et qu’il me fallait quelques heures pour sécuriser le chantier. Tout en lui parlant, je mesurais les conséquences de ma proposition. La nuit ne serait pas assez longue pour mettre un peu d’ordre.
D’abord jeter toutes les bouteilles vides et arrêter de boire. En serais-je capable ? C’était dans ma liste alors pourquoi pas maintenant ? Ensuite m’entraîner à tenir une conversation sans donner de conseils ? Attendre qu’elle me demande par exemple ou en ce qui concerne les travaux, lui montrer comment je m’y prends espérant qu’elle ne me critique pas trop.
La grand-mère, trop contente de la compagnie, accepta chaleureusement. Je les laissais entre femmes. Il faisait trop chaud pour moi dans sa meulière et elles allaient prendre le thé, très peu pour moi. J’avais chaud, j’allais me rafraîchir avec une bonne douche et une soupe ? Tout à fait !
La vie revenait en moi, j’avais la chair de poule… Une envie de sourire me surprit, je ne résistais pas.
Je suis cinglé ! Un défi pareil ! Dans ma condition !...
Et alors ? Pourquoi pas ?
                                                                                  Bien à vous, Aline
CommentaireL’auteur de ce commentaire souhaite rester anonyme et me laisse le choix de partager ses réflexions avec vous.  
 « Votre histoire a réveillé des souvenirs qui n’ont absolument rien à voir avec ce terrible drame mais qui m’aide à voir plus clair sur une partie de ma vie.
Je me souviens d’une conférence sur « l’enfant et les parents intérieurs » après laquelle je me suis lancée dans un travail sur moi et de la longue période de tristesse qui s’en suivit et dont j’ai eu beaucoup de mal à me sortir. Je me demande si cette tristesse, additionnée d’une hyper-susceptibilité assez encombrante,  n’étaient pas liée au détachement de la personne que j’étais avant de m’atteler à ce développement personnel. Je me souviens qu’à plusieurs reprises il était apparu que je fonctionnais davantage en accord avec des réactions et certitudes de mes parents plutôt que des miennes. Avec la prise de conscience, j’ai adopté d’autres comportement plus en accord avec ce que je voulais de la vie notamment une perte de poids d’environ 30 kg, qui depuis 15 ans ne sont plus revenu. J’étais triste du gâchis, toutes ces années de jeunesse perdues et de ma vie de femme frustrée, un peu comme ce père qui regrette ses choix d’éducation à l’égard de sa fille.
Ce n’est que vers 40 ans que j’ai tout remis en question ».


28/09/16
Amour quand tu me prends….

Avertissement : Ecrire ces nouvelles m’est un divertissement et un support de réflexion. Les personnes et les situations sont fictives.
D'autres pages "onglets" sur ce blog sont entièrement consacrées à l'astrologie.

En ce dimanche matin d’après fête, enfin il est presque midi, un rai de lumière taquine la joue de Karine puis un soleil de bande dessinée hilare se siphonne le front de l’un de ses rayons. C’est bon, elle émerge, se lève, sans se retourner et file à la salle de bain. Se retourner équivaudrait à se lover contre son Marco adoré, le taquiner jusqu’à ce qu’il réclame son café auquel il préférera la prendre dans ses bras, s’en suivraient des jeux sensuels, un corps à corps sportif, des éclats de rire, oui, tout à fait et c’est leur recette de la bonne humeur. Notre Karine a plutôt envie d’un bon bol d’air ce matin…
Depuis quelques jours, des piqûres de « j’en ai mare » l’irritent. Les massages vigoureux de : « ce n’est rien ; pense à ce qui va bien ; tu nages dans le bonheur ; ta vie est belle », ne calment en rien.
Elle s’habille et s’en va.
Dans quelques minutes, quand le bruit du moteur qu’il adore le réveillera, il calculera l’état des lieux et pètera un câble : « elle a remis ça ! ». Ces sautes d’humeur, il en a marre, il le lui a dit. Déjà qu’elle part la semaine pour son travail mais si en plus elle préfère décompresser seule le week-end, autant se séparer. Il est comme ça Marco, il a ses limites.
Karine vire, en souplesse, en corps à corps avec son engin, sur cette route de montage qu’elle connaît bien. La montagne, elle adore, les couleurs, les parfums, les vaches, la vie puissante, imposante de la nature, les sifflements stridents des marmottes, face à cette nature grandiose, ses problèmes sont tout petits. Son calme lui fait peur. Un petit vent frais lui ouvre l’appétit. Elle repart vers une auberge, s’installe à la terrasse.
Depuis combien de temps s’efforce-t-elle de retenir ce qui n’est déjà plus ? Quelques mois, un an ? Elle ne saurait le dire. Elle l’aimait si fort. Ils s’aimaient si fort… Huit ans déjà…comment peut-on en arriver là.
Tout a commencé, lors d’une soirée villageoise, le bal, l’ambiance populaire, une rencontre magique, une attirance irrationnelle. Ce bellâtre musclé, s’approche, virevolte autour d’elle. Ils accordent bientôt leurs déhanchements elliptiques. Elle rit, un frisson la surprend, le grand frisson. Il lui sourit, certain de son effet. Les danses s’enchaînent, les corps communiquent. Karine en joie, le regarde, il a quoi, cinq ans de moins qu’elle ? Non, onze et deux mois en réalité ! Légèrement grisée par quelques verres de vin blanc, elle lui lance comme une bravade : « je ne couche qu’au premier rendez-vous, à toi de voir ! ». « C’est tout vu, mais il est encore tôt ! » lui avait-il répondu. Ça allait se corser, Monsieur aimait jouer.
Effectivement ça s’était corsé, il était tombé amoureux, très amoureux. De son côté, Karine l’aimait bien. Elle n’était pas du genre à s’attacher. Alors il a multiplié les occasions de se revoir. Elle a bien essayé de garder ses distances, mais comment résister aux petits week-ends en moto, aux petites auberges rustiques, aux restaurants étoilés et puis l’appel de la chair avait finit par les sangler.
Dès que vivre ensemble s’imposa, une bonne année plus tard après moult hésitations de la part de Karine, tout son monde vit la progression de sa métamorphose opérer sans pouvoir agir d’aucune sorte, pas pour elle mais pour eux parce qu’elle les délaissait. Les tourtereaux se fondaient dans un amour fusionnel, exclusif, toujours collés l’un à l'autre à s’enlacer, s’embrasser, se caresser, à se donner en spectacle. Comment pouvait-on être aussi amoureux, passionné, aussi longtemps ? Certaines de ses amies se questionnaient. Au bout d’un moment la passion s’évapore, reste l’amour, surtout lorsqu’on vit ensemble. Des adolescents, passe encore, mais eux, elle quadragénaire… Trois ans plus tard, comme au premier jour.
Karine développait une véritable addiction à son Marco et comme avec toute addiction, plus l’accoutumance augmentait, plus elle le voulait. Elle qui aimait tant sortir avec ses copines, se balader en montagne, elle n’avait plus le temps pour qui ou quoi que ce soit d’autre que son Marco.
Il ne l’enfermait pas sous cloche, non, elle devenait elle-même la cloche ! Elle frisait le ridicule à déifier son Marco à la moindre remarque de ses amies. Le monde de Karine a résisté tant qu’il a pu, mais Marco savait casser l’ambiance quand il était décidé à se débarrasser d’encombrants.
Ils faisaient la fête avec d’autres, des nouveaux, des gens peu attachants, juste des copains de bringue. Karine se détachait de ses proches à leur grand désespoir mais puisqu’elle était heureuse ainsi, son monde était heureux pour elle.
Après tout ce qu’elle avait vécu….  
Adoptée encore bébé par un couple très aimant, elle découvre la vie, entourée, choyée et évolue comme n’importe quelle autre petite fille.
Elle a environ six ans lorsque ses parents lui annoncent un heureux événement à venir, un miracle ! Karine explose de joie, contrairement à ce qu’ils croyaient. Elle en rêvait, ne disait rien, par peur de les attrister, de les embarrasser.
Et puis tout bascule…
Dès le 4ème mois de grossesse, sa maman accuse de gros coups de fatigue. Karine redouble d’attentions, d’autant qu’elle perçoit une tristesse persistante plomber l’ambiance. Elle s’improvise comique de service, imite, caricature, tout le monde y passe : voisins, camarades de classe, l’instituteur, elle-même et ses parents aussi. Elle jubile et tous rient de bon cœur, mais pas très longtemps.
Elle accompagne son père dans les magasins, donne son avis. Tous les deux préparent la venue du bébé pendant que maman se repose. Karine passe tout son temps libre à entourer ses parents.
Un fils, un petit frère arrive…. Père et fille s’en occupent, la mère se remet difficilement et reste comme indifférente à l’agitation ambiante. Père et fille s’inquiètent, Karine tente en vain de la secouer, elles étaient tellement joyeuses d’être simplement ensemble avant, elle la prend dans ses bras, lui raconte des histoires, voudrait sortir avec elle prendre l'air, promener son petit frère ensemble. Papa s’occupe à merveille de son fils. Ils sont si mignons à voir tous les deux que maman en sourit quelques fois.
Un jour, son père explique à Karine que maman est trop fatiguée  pour réagir. Elle va partir se reposer avec son petit frère. Pendant cette période elle va rester chez ses grands-parents. Karine ne comprend pas qu’elle ne puisse pas rester à la maison mais elle dit « d’accord » à son père pour ne pas le contrarier. Quand il s’agit ensuite d’enchaîner avec une colonie pour les vacances d’été, son père lui explique qu’une jeune fille doit apprendre à vivre avec d’autres enfants de son âge. Dès sa première lettre, elle le remercia, elle s’était faite des copines. A la rentrée, sa mère semblait avoir repris le dessus, c’était juste une apparence. Elle prenait des médicaments, elle était donc malade, personne ne lui disait rien à ce sujet. Son père, travaillait beaucoup mais le dimanche il était tout à ses enfants.
Le petit frère a moins de deux ans quand il tombe gravement malade et est transporté d’urgence à l’hôpital. Et puis le drame, il meurt une semaine plus tard.
La mère de Karine accepte étrangement la fatalité contrairement à son père complètement dévasté et inconsolable.
Le père de Karine s’immerge dans le travail, rentre tard et parfois sent l’alcool, le dimanche il préfère bricoler seul. Karine insiste, veut rester avec lui, lui montrer ce qu’elle a fait à l’école, lui raconter des histoires, jouer ou bricoler avec lui, comme par le passé, elle veut qu’il les rejoigne pour les repas. Il préférait s’isoler dans son atelier aménagé en espace de survie. A nouveau, elle essaye de relever sa famille, sans vraiment y parvenir. Son père finit par partir, une mutation. Il ne revient qu’une fois par mois mais les appelle plusieurs fois en semaine.
Karine profite de sa mère, grandit et après ses études entre dans une grande entreprise de produits pour les constructions, un peu grâce à son père. Elle passe son permis et s’achète une petite moto. Elle sort souvent avec ses amis. Une nuit, alors que son petit ami du moment, motard également, avait trop bu pour conduire, elle prend les commandes. En tentant d’éviter un chauffard qui leur avait refusé la priorité, elle perd le contrôle et la moto glisse sur plusieurs mètres. Elle s’en sort avec quelques égratignures mais lui, a bien failli perdre sa jambe. Après plusieurs opérations, trois ans de rééducation, une volonté de fer et leur fille, conçue et née après l’accident, il remarche.
Karine s’ennuie avec lui, sa fille c’est lui qui la voulait et il s’en occupe à merveille, ils sont si beau tous les deux quand ils discutent. Karine aime sortir, flirter par-ci, par-là, partir en vacances avec ses copines. Leur couple, sous alimenté, victime de l’absence, finit par s’éteindre. Alors qu’il plie bagages pour le nord de la France, Karine tente de les retenir, mais c’est trop tard.
Karine ne supporte pas le vide, la solitude alors elle y va de plus belle avec « la fête » et les sorties.
En pleine période de n’importe quoi avec n’importe qui, son Marco, un amoureux de l’amour fit son entrée.
Au fil du temps, il veut tellement tout rien qu’avec elle qu’il s’emballe pour un projet de création d’une petite entreprise à tous les deux. Karine l’écoute, voit ce projet comme l’une de ses lubies. De toute façon, il est hors de question qu’elle quitte son travail. Elle répond à son insistance, en acceptant de remplacer un collègue formateur et part une partie de la semaine sur les sites de vente. Quand elle revient, la fatigue peut-être, elle voit son Marco sous un autre œil. Ses remarques, si pertinentes il fut un temps, ne le sont plus du tout, elle se retient de rire parfois tellement c’est nul. Ses exigences, si excitantes deviennent souvent casse-pieds, ses soirées, où les excès ne connaissent pas la crise, fatigantes… Et puis toujours à tout critiquer, ça la soûle. Son Marco n’est plus tout à fait parfait et plus ça va et moins la fatigue prend la responsabilité, c’est un choc pour elle, d’autant plus qu’il ne se rend compte de rien. Enfin si, ils se disputent, il réclame sa pitance, mais en femme libérée elle ne donne rien au « devoir conjugal », elle a moins envie, elle n’a plus envie du tout, l’approche de la ménopause invoquait-elle jusqu’à ce qu’elle lui dise carrément « non, pas envie, tu ne m’en veux pas au moins ? ».
En sirotant son café sur cette belle terrasse, elle se demande si son Marco la voit vraiment ? A moins qu’elle ne se trompe, c’est elle qui aujourd’hui, le voit tel qu’il est et a toujours été.
Elle a quelques regrets envers ses parents, qu’elle inondait d’amour, comme son Marco avec elle, un amour insatiable qui prend plus qu’il ne donne….

Bien à vous, Aline

24/08/16

La culpabilité en héritage….

Avertissement : Ecrire ces nouvelles m’est un divertissement et un support de réflexion. Les personnes et les situations sont fictives.
D'autres pages "onglets" sur ce blog sont entièrement consacrées à l'astrologie.

Vlan…, Bing…, Bang… Saloperie de guêpe ! S’exclama Mattias, secouant sa main probablement endolorie, alors que fusaient commentaires et ricanements.                                               
En deux, trois clappements de mains, le professeur avait rétabli l’ordre.
« Mattias, asseyez-vous ! Vous n’y êtes pas allé de main morte ».
Le cours avait lieu, exceptionnellement, sous le préau.
« Gilles, remerciez votre camarade, vous auriez pu finir aux urgences ».
Gilles, assis devant Mattias, n’entendait plus grand-chose. Les Vlan, bing et bang, il se les était pris en pleine tête. Non, il n’avait pas perçu la présence d’insectes parce qu’il était bien trop occupé à déstabiliser une Léa déjà en mauvaise posture, debout, embarrassée, rougissante, fixant le sol. Léa connaissait la réponse à la question du professeur mais restait muette. Elle avait saisi cet interlude pour se rasseoir. Léa était une élève brillante mais d’une timidité maladive. Face à un auditoire, elle s’embrasait et les mots, un peu affolés, ne savaient plus comment se faufiler jusqu’à l’air libre….
A la récréation, Mattias, toujours animé de ce même élan vengeur et sans se rendre compte qu’il ne faisait pas le poids face à un Gilles pour le moins contrarié, en rajouta une couche : « Tu la laisses tranquille, sinon, tu auras à faire à moi ».
Gilles répondit du tac au tac : « Espèce de lâche, tu m’as frappé dans le dos. Tu mérites une bonne leçon ! ».
Alors qu’il l’empoigna, leurs camarades intervinrent et les séparèrent, sauvant ainsi la face de Mattias et leur épargnant, à tout deux, de lourdes sanctions.
Léa remercia un Mattias mal à l’aise qui lui répondit : « Que la force soit avec toi », ne sachant quoi dire d’autre pour le moment, assez surpris lui-même par ce déploiement d’assurance qu’il ne se connaissait pas…
Il faut dire que la journée de Mattias avait assez mal commencé. Son père s’était réveillé de mauvaise humeur et comme à son habitude dans ces cas-là, il préférait, à une douche froide et revigorante, arroser d’insultes cyniques et d’observations grotesques sa femme et son fils effarés autant que terrorisés.
Vu de l’extérieur, le père de Mattias avait pourtant le profil de l’homme tout ce qu’il y a de respectable : attentionné et dévoué envers sa famille, courageux et bon voisin. Un homme fier de son fils aîné qui dès sa majorité s’était engagé dans l’armée pour devenir pilote de chasse. Mattias, venu onze ans après, restait quelque peu dans l’ombre de ce frère. Ce père venait d’une longue lignée d’ouvriers et travaillait dur. Stimulé par la détermination de son fils aîné, encouragé par le chef de production de l’usine, qui dans quelques années, prendrait sa retraite, il avait bravé ses peurs du ridicule en replongeant dans les livres et les cours du soir pour gravir les échelons.
Depuis trois ans qu’il occupait ce poste, cette fureur de vaincre continuait à le talonner et à force d’être contenue elle explosait parfois. Il avait, par exemple, imposé à sa femme de travailler à temps partiel, officiellement pour qu’elle soit moins fatiguée mais en fait, il la voulait plus disponible pour lui. Et puis, il avait ses crises où il catapultait des critiques, là où personne ne les attendait. Le stress, excusait la mère qui ordonnait à son fils, abasourdi, de s’activer pour être à l’heure au collège, laissant son mari maugréer seul, espérant qu’il ne les suive pas. Les rares  gros débordements dévastateurs occupaient tout le week-end et s’amorçaient dès le petit déjeuner du samedi : des miettes éparpillées, une tache de café, un rire sans qu’il ait compris pourquoi, il se levait bruyamment pour aller chercher la lavette dans l’évier en criant : « Il faut que je sois partout dans cette maison ! ». Mère et fils arrêtaient net leurs échanges. Après avoir mesuré son effet et s’être assuré de l’attention de sa famille, il rageait de constater que tout était sale dans cette maison. « Mais regardez un peu dans quoi on vit ! » En général, il leur demandait de le suivre dans la maison et le jardin, afin de prendre note des négligences auxquelles ils se devaient de remédier dans les plus brefs délais : « C’est du gazon pas de l’herbe à foin ! Les poubelles ça se rince ! Le fouillis partout, on est où là ? ». A la maison, il vidait des placards mal rangés à son goût, il examinait avec sa femme les faux-plis des chemises et des tee-shirts, la surconsommation de produit d’hygiène et d’entretien et cette poussière partout l’insupportait ! Puis il partait s’occuper du ravitaillement pour la semaine. Au retour, son sourire aurait pu laisser croire qu’il avait repris ses esprits. C’était juste un reflux avant une nouvelle poussée de rage. Il retroussait alors ses manches ou enfilait une tenue adéquate et instruisait sa femme et son fils sur l’art du travail bien fait. Ils devaient recommencer jusqu’à ce qu’il estime le résultat satisfaisant. L’opération prenait tout le week-end. Une crise par an, pas plus, à l’époque des évaluations à l’usine, avait remarqué la mère.
En ce qui concernait Léa, c’était une autre histoire.
Le grand frère de Léa, de neuf ans son aîné, voulait un chien et non pas une petite sœur mais qu’à cela ne tienne, il lui apprit les rudiments de base : apporte ; pas toucher ; assise ; pas bouger et puis des danses et des chansons. Elle avait surtout appris se méfier des garçons. Son père restait assez distant avec elle. Sa venue n’était pas programmée et avait chamboulé ses projets. Entre son père et sa mère, c’était assez tendu. D’ailleurs, ils faisaient chambre à part, officiellement parce que Maman, avec ses réunions du conseil municipal, rentrait parfois à point d’heure et réveillait Papa qui ne parvenait plus à se rendormir. Résultat, il était fatigué dès le matin.
Sa mère, une institutrice appréciée, très féminine, très charismatique, rayonnait, surtout en dehors de la maison. Elle avait peu d’affinité avec sa fille, une Léa mal dans sa peau, à qui on ne demandait jamais son avis.
Léa et Mattias prirent l’habitude d’étudier ensemble à partir de la première. Le hasard d’un tirage au sort les avait réunis sur un exposé à préparer. Plus tard, après le bac, comme plusieurs de leurs camarades, ils trouvèrent un boulot d’été, tout en se gardant une dizaine de jours avec au programme une randonnée d’une semaine dans les Cévennes et quelques jours de détente au bord d’un lac. Forts de leur amitié et de cette expérience, ils prirent de l’assurance.
Ils avaient opté tous les deux pour médecine. Léa bifurqua à la fin de la 1ère année vers des études de lettres et Mattias passa avec succès le concours d’entrée à l’école d’infirmiers.
Comme précédemment, ils travaillèrent pour partir en vacances, cette fois rien que tous les deux et ainsi naquit leur belle romance.
Un amour très physique, libérateur de toutes ces années de réclusion derrière les barreaux des moqueries et du rejet. Leur relation était basée sur l’écoute sans jugement et le droit de ne pas suivre l’autre.
Ils cherchèrent une solution de logement qu’ils trouvèrent chez un couple de personnes âgées. En échange d’un fort agréable studio, la magie de l’amour transforma aisément un garage aménagé en un magnifique petit nid douillet, ils effectuaient quelques tâches ménagères et entretenaient du jardin.
Ses études terminées, Mattias put continuer à travailler dans l’hôpital où il avait été stagiaire. Ses qualités professionnelles et humaines envers les patients étaient fort appréciées. Par contre, certains de ses collègues lui donnait du « Monsieur Pointilleux » et préféraient l’éviter. Léa avait encore une année d’étude.
Sur la demande de leurs loueurs et en accord avec leur arrangement de départ, ils durent rechercher un autre logement, d’autres couples d’étudiants attendaient.
Mattias, légèrement difficile quant au choix de la nouvelle habitation, reprocha à Léa d’un peu trop se reposer sur lui question recherches, visites et décisions. Elle lui répondit que ses suggestions n’étaient jamais retenues alors à quoi bon objecter. Se cantonner lui convenait car dans le fond, peu lui importait, elle s’adapterait.
Mi-août, ils prirent la décision de retourner chacun chez leurs parents, en attendant de trouver l’appartement qui conviendrait. Une solution provisoire se promirent-ils.
Du côté de Léa, bien que ses parents fussent ravis de la retrouver, elle ne se sentait plus chez elle et s’immergea dans ses études pour éviter les heurts.
En ce qui concernait Mattias, l’état de son père avait manifestement empiré, fait qui lui avait totalement échappé lors de ses visites seul ou avec Léa. Maniaque et obsessionnel, il n’arrêtait pas de critiquer. Sa mère, non sans mal, avait repris, peu de temps après le départ de leur cadet, son travail à un plein temps malgré les arguments de choc de son époux : « A temps partiel, la tenue de la maison laissait déjà à désirer, alors là, s’il est en plus question que je fasse tout dans cette maison pour ne pas sombrer dans l’insalubrité, mais tu veux ma peau ou quoi ? »….
La mère était ravie de retrouver son fils au petit déjeuner lorsqu’il revenait de ses gardes à l’hôpital. Un matin, alors qu’il venait tout juste de passer la porte, il entendit son père en pleine session d’inventaire.
Sa mère accueillit son fils et l’invita à les rejoindre à la table du petit déjeuner, pensant certainement que son mari allait passer à autre chose. « L’espoir fait vivre » dit-on !
« Viens t’asseoir, le café est tout chaud fumant, une part de quiche, ça te dit ? ».
Le père marmonnait sans prêter attention à son fils.
« Ça va ce matin papa ? » tenta-t-il sans parvenir à déconcentrer son père.
« Oui, avec plaisir, maman ». C’était si facile donner de la joie à sa mère.
Le père haussa légèrement le ton : « Je ne vous dérange pas au moins ? »
« Du tout » lui répondit sa femme, une mère comblée de retrouver son fils dans des actes simples et heureux. « Bien passée ta nuit, mon trésor ? ».
Cette réplique percuta le père de plein fouet. Son poing serré, prêt à frapper sur la table, pour obtenir silence et attention, s’abattit sur sa poitrine. L’effroi l’avait soudainement statufié. Il émit un « le Sam » à peine audible.
Mère et fils s’interrompirent, sidérés. Alors que Mattias bondit vers son père pour lui porter secours en lançant à sa mère : « vite, appelle le Samu » celle-ci le stoppa dans son élan : « Ton père n’a pas fini sa phrase. Tu sais qu’il a horreur quand on l’interrompt ».
« Maman, c’est grave, il faut agir vite ! Appelle les urgences ! ».
Le père de Mattias, terrorisé, les regardait interloqué, balbutiant un « A l’aide ! ». Mattias l’allongea sur le sol puis entreprit les compressions thoraciques et insufflations.
« J’appelle » dit-elle dans un sursaut, saisissant son portable.
Le médecin urgentiste prit la relève, les questionnant  sur l’enchaînement des événements et l’état de santé du père. Après un bon quart d’heure de pressions, il ne put que constater le décès.
« Madame, Monsieur, je suis désolé… Il ne reviendra pas. »
« Nous avons bien fait tout ce qui était possible, n’est-ce pas docteur ? » demanda la mère atterrée.
« Oui Madame, nous avons fait tout ce qui était en notre possible, c’est fini », lui confirma le médecin. 
Mattias prit alors sa mère dans ses bras et la serra un moment.
Vacillante, elle se rassit et fondit en larmes devant sa tasse de café froid.
Deux mois après l’enterrement, elle informa ses enfants qu’elle allait vendre la maison pour un appartement.
Le décès de son père torturait Mattias, lui aussi envisageait de changer d’air. Après réflexion, il démissionna.  Il informa Léa de son projet de partir pour l’Australie. Il lui proposerait de le rejoindre dès qu’il serait installé. Léa, très choquée de cette décision qui contrariait ses projets, refusa catégoriquement : « Je veux fonder une famille ! Tu le sais ! ».
« L’un n’empêche pas l’autre » répondit Mattias.
« C’est non, je ne pars pas ». Léa décida de ne pas garder le contact.
Mattias partit seul, persuadé qu’elle changerait d’avis. Il trouva du travail dans les métiers du bâtiment. C’était dur mais dans le fond, c’était ce qu’il cherchait. Dans les travaux publics, l’embauche était facile. Il se remit aux études pour monter en grade, avec succès. Il marchait sur les traces de son père, il se voyait faire mais ne parvenait pas à lutter contre, pour le moment.
Léa lui manquait.
                                                                                           Bien à vous, Aline 

21/07/2016

Nous sommes Papa et Maman maintenant….

Avertissement : Ecrire ces nouvelles m’est un divertissement et un support de réflexion. Les personnes et les situations sont fictives.
D'autres pages "onglets" sur ce blog sont entièrement consacrées à l'astrologie.

… Ils se rencontrèrent, se plurent, s’aimèrent, se marièrent et se jetèrent corps et âme dans le projet pour lequel ils s’étaient unis : deux ou trois enfants, une maison et bien sûr, tout partager.
Un an plus tard à peine, leur premier bébé, un fils, vînt au monde. Cet épisode, aussi magique qu’éprouvant, une horreur pour lui, ils le traversèrent ensemble, tout comme les délicieux moments d’adaptation à la vie de ce petit brailleur, hurlant, le plus souvent, ses envies et ses urgences. Elle ne prolongerait pas son congé maternité alors autant prendre le bon pli, dès le départ.
Ils se décidèrent pour un projet de construction, dans une petite résidence, où plusieurs jeunes couples s’étaient déjà engagés. Ils travaillaient tous les deux, elle, bibliothécaire à temps partiel et elle adorait, lui, un poste prometteur dans la finance.
A peine furent-ils installés dans leur ravissant pavillon, que le deuxième bébé fit son apparition, une fille, alors que le premier entrerait dans quelques mois à l’école maternelle.
Tout comme avec leur fils, ils accueillirent leur bébé fille. Pour un troisième, il n’était plus très chaud !
Nous n’en n’étions pas là et pour le moment tout semblait aller au mieux, dans le meilleur des mondes. Ils se le confirmaient mutuellement, probablement pour se rassurer l’un, l’autre.
 « Je suis une maman comblée » lui dit-elle souriante, son bébé fille dans les bras…
Lui : Je suis le plus heureux des pères ! Lui répondit-il.
Elle : Tu veux dire que tu es le plus heureux des papas.
Lui : oui, ma chérie.
Elle : ou, oui, maman ?
Lui : si tu préfères, oui maman ! S’esclaffa-t-il…
            Il aurait dû se méfier et rectifier, tout de suite, en ajoutant par exemple un « ma chérie » après « si tu préfères » ou juste l’embrasser amoureusement, se reprochera-t-il, bien plus tard. Parce que là, notre grand naïf glissait dans une autre dimension. « Papa et Maman » limogeaient par cette simple précision et sans aucun scrupule, les tendres « Mon amour et ma chérie ».
Notre couple était éreinté. Elle surtout. Lui, se savait « papa » mais n’en restait pas moins un homme et qui plus est, un homme amoureux de sa femme. Hélas, ses approches se heurtaient à des bâillements ou encore une urgence à terminer une tâche laissée en plan, quand ce n’était pas les enfants qui soudainement les appelaient.
Un soir, très motivé, il l’entreprit, tant et si bien qu’il était déjà quasiment en elle quand, furieuse, elle se dégagea.
Elle : Papa ? Avec ta fille dans la chambre ? Qu’est-ce qui te prend ?
Lui : Il me prend que j’ai très envie de toi. Notre fille a cinq mois, elle peut bien dormir dans sa chambre, non ? Et puis la présence de notre fils, ne te souciait pas tant !
Elle : Papa, tu n’es pas sérieux ? Elle fait des cauchemars. Non, mais, tu nous imagines, amoureusement enlacés et notre petite qui se met à hurler ?
Lui : Ma chérie, nous aviserons, je t’aime et ça fait tellement longtemps.
Elle : C’est non.
Lui : Allez, ma chérie, laisse moi te caresser, t’embrasser partout…
Elle : Ça va pas la tête ! Et dans la foulée, elle le pousse à se tourner, se colle à son dos, le serrant tendrement pour l’endormir.
…Hélas, il n’a pas trois ans et ça ne marche pas….
Lui : Je ne dors pas, je veux un vrai câlin d’amour…
… Alors, à bout d’arguments….
Elle : Bon d’accord, mais vite fait, tu as vu l’heure, je suis fatiguée, moi.
Lui : Demain, c’est dimanche, je m’occuperai des enfants et du petit déjeuner.
… Elle y met tellement peu du sien que le pauvre, en perd, quelque peu, ses moyens. C’est très mou, il s’agite, se frotte, elle s’impatiente et finit par lui demander de laisser tomber.
Il est très déçu, agacé. « Prends toi une douche, ça ira mieux » lui suggère-t-elle avec une légère autorité tout de même. Il se résigne et parvient difficilement à se soulager. Il retourne ensuite s’allonger auprès de sa femme. Elle épouse son dos, le tient serré, se veut rassurante, comme s’il sortait d’un mauvais rêve, « ça va aller ». Il n’est pas convaincu et la repousse un peu.
Un doute plane et l’empêche de dormir : son « ça va aller », insinue que nous serons bientôt comme avant ou, « ça va aller », tu t’y feras et bientôt, tu n’auras plus envie du tout ?…
Etrange que l’accouchement de sa fille ait produit de tels effets. Au début de leur rencontre, il se demandait s’il parviendrait à la satisfaire, tant elle était demandeuse et parfois extravagante. Maintenant c’est comme si la mère avait chassé l’amante ???....
Ils passent tous les quatre un merveilleux weekend comme tous les week-ends d’ailleurs. Elle y tient. Elle orchestre tout y compris les visites chez les grands-parents. La famille, la famille et toujours la famille. Parfois il l’observe médusé. On dirait une petite fille qui joue « au papa et à la maman » avec une famille bien vivante qui, lui y compris, se prête joyeusement au jeu. Elle le porte aux nues, dans sa mise en scène, l’admire, l’embrasse, lui caresse le bras et le soir, elle est épuisée. Elle adore l’enlacer, jusqu’à ce que le sommeil les sépare chacun de leur côté du lit.
Dès le petit matin, elle s’active, en moins d’une demi-heure elle est opérationnelle et va vite préparer le petit déjeuner qu’ils partagent tous ensemble, comme dans les films américains. Elle est attentive au réveil de bonne humeur de ses enfants. Elle laisse papa disposer à sa guise de la salle de bain respectant son intimité, lui avait-elle dit un jour où elle avait frappé avant d’y entrer et où il s’en était étonné.
Le soir, elle est tout à ses enfants. Lui, rentre trop tard, mais ne manque pas de venir les embrasser et leur souhaiter une bonne nuit. Il se rattrapera le week-end.
Ils regardent parfois la télé ensemble ou lisent au lit, il ose encore quelques approches qu’elle détourne habilement la plupart du temps. Quand parfois, il a de la chance, c’est bien, mais sans plus. Elle était toujours aussi désirable. Seul, dans la salle de bain, il se désolait, humilié. Intérieurement, il rageait d’en être arrivé là.
Il avait déjà croisé des femmes disponibles, incroyablement claires dans leurs propositions sexuelles, notamment lors de formations qu’il animait. Les complications potentielles qui auraient pu s’en suivre l’avaient rebuté.
C’est lorsqu’il entreprit d’aménager les combles, au dessus du garage, pour en faire son espace, qu’elle se révolta contre cet abandon inadmissible.
Il l’avait rassurée, invoquant qu’il dormait mal, elle s’en était rendu compte, et qu’il ne voulait plus perturber son sommeil. Elle ne voulait pas dormir sans lui. « Comment vont réagir nos enfants ? Tu y penses à nos enfants ? ».  Lui avançait ses arguments : plutôt que d’attendre des heures le sommeil, il pourrait se lever et travailler sur ses dossiers sans la réveiller. En fait, attendre son bon vouloir lui était devenu insupportable. Il la désirait dans ses rêves. Ça le réveillait et parfois, une trique immonde l’empêchait de se rendormir. Il la savait attentive au moindre bruit. Alors, faute de retrouver les bras de Morphée ou d’oser approcher ceux de sa femme, il descendait s’enfermer dans les toilettes des invités.  Là, il l’imaginait en position de l’autruche, ses hanches galbées, les fesses offertes se dandinant légèrement comme quand elle marche, la tête s’enfonçant progressivement et profondément sous l’oreiller, en cadence de sa croupe, jusqu’à disparaître complètement, qu’aucune de ses paroles ne lui parvienne. Il lui fallait vite revenir aux petits mouvements de se corps impatient et gourmand car, l’idée même d’entendre un de ses commentaires, ou l’une de ses excuses, le ramenaient à la réalité de sa vie conjugale et il débandait aussi sec.
Elle finit par accepter le projet avec la promesse que ce ne soit pas plus de trois nuits par semaine. Le marché fut conclu !
Et puis un beau jour, enfin tout est relatif, c’était plutôt un jour de grande pagaille, une configuration étrange ressuscita un angle mort de sa vie. En cette période de grèves, il aperçut, un soir, parmi une foule immense, sa secrétaire dans le hall de la gare. Elle s’énervait au téléphone. Elle lui semblait au bord des larmes. Il en fut tout attendri. Depuis 8 ans qu’elle était sa collaboratrice, il ne l’avait jamais vue aussi désemparée. Ils n’échangeaient que très peu sur leur vie personnelle. Il avança dans sa direction, elle se ressaisit. Ils spéculaient sur les horaires des prochains trains et autres banalités quand soudain, elle éclata de rire alors que rien de leur conversation ne s’y prêtait…
La secrétaire : excusez-moi, c’est nerveux.
Lui : ??? ne sachant que dire, il lui sourit.
… Elle répondit de nouveau à son téléphone. Elle essayait manifestement de contenir sa colère. A son avis, cet agacement n’était pas lié aux problèmes de train. L’humeur de sa secrétaire le troubla. Il lui proposa de prendre un verre. Et là, quelque chose d’impensable se produisit, une attirance qu’il n’avait jamais remarquée le poussait à se rapprocher d’elle. Son sexe se réveillait. Il le sentait durcir. Cette sensation agréable balayait, doucettement le raisonnable qu’il repoussait à peine, tant c’était bon de désirer une femme souriante. Le protocole hiérarchique glissa dans la trappe des oubliettes alors qu’elle tripotait nerveusement son téléphone. N’y tenant plus, il approcha sa main de celle de sa secrétaire qui ne recula pas la sienne. Ils continuaient leur conversation comme si de rien n’était. Ce geste aurait pu s’apparenter à du réconfort, au début, au début seulement. Des sensations s’affirmèrent. Défiant la bienséance, il s’aventura vers la paume de cette main fine et un peu perdue dans la direction à choisir. Arrivé au poignet, il s’engagea dans des pressions « paume à paume » qui le surprirent. Une onde de chaleur se promenait, se propageait, descendait, montait, allait, venait. La main de sa secrétaire ne se débattait pas. Il s’enhardit davantage jusqu’à l’inviter dans une chambre d’hôtel qu’il réserva sur le champ alors qu’elle lui souriait. Quelques minutes plus tard après une deuxième coupe de champagne, ils s’enlaçaient, se découvraient, se rencontraient et plus puisqu’ils étaient en affinité.
Il se réappropriait des sensations, une vigueur, une fierté, oui tout à fait, il se sentait revivre, un gamin tout fier d’avoir relevé le défi, d’avoir vaincu ses peurs.
Il était encore temps d’attraper un train, ce qu’ils firent. En guise d’au revoir, elle lui lança : « Il ne s’est rien passé, n’est-ce pas Monsieur le Directeur ? », « non, bien sûr, que non » la rassura-t-il.
Sereine, elle pourrait supporter les jérémiades de son mari dépité de voir leur fille aussi obstinée dans son désir de partir étudier loin de chez eux. « Elle exhibe ses résultats du concours d’entrée en gueulant « j’ai gagné, j’ai gagné ! », une vrai gamine et ça veut jouer les femmes libérées ! » Décrit-il. Il était à la fois un peu fier et très déçu, autant dire lamentable. Elle, elle était fière et heureuse pour sa fille. Elle aurait aimé partager sa joie avec son mari, mais lui, comme d’habitude, sabotait tout ! Pas cette fois en tout cas et tant pis pour lui ! Une sensation de bien être immense la traversa.
Attendant son train, Papa, négociait avec sa culpabilité et une félicité d’une telle arrogance, qu’il craignit pour l’avenir de la linéarité de son existence. C’était arrivé ! Si Maman savait, Maman pas contente ! Ironisa-t-il. « Il ne s’est rien passé » avait-elle cru bon de préciser. Il reconnaissait bien là, sa secrétaire, s’en tenir à l’essentiel pour la suite.
Il se sentait tout simplement bien. Ses pensées virevoltaient  à la rencontre du corps souple et ferme de sa femme, une adepte du yoga, chaloupant par-ci, par-là. Un désir fit timidement son apparition. Que ce passait-il ? Le roulis du train peut-être ? Il était heureux, un sentiment simple, de base, essentiel à la vie, songea-t-il.
 Le « Pauvre Papa, quelle journée ! » de maman, à peine passé le seuil d’entrée de son « chez nous », le ramena illico à sa réalité.  
C’est à cette époque, alors que se réapproprier sa femme relevait du conte de fées qu’il envisagea de recourir à des pilules stimulantes. Elle était l’amour de sa vie et il la voulait. Le « il ne s’est rien passé », lui revenait en cas de doute.
Au premier essai, bien qu’il ait suivi les recommandations à la lettre, son sexe réagit outre mesure. Dès qu’elle le touchait, c’était pire ! Face à une telle réaction, il resta bien calé sur son côté à souffrir le martyr en attendant que se dissipent les effets de la pilule. Lorsqu’elle épousa son dos, comme à son habitude, il ne put résister, une douleur cuisante lui ordonnait de passer à l’action. Son corps ne lui obéissait plus et au lieu de patienter, il fit volte face et il la prit du plus délicatement possible. « Délicatement », c’était dans l’idée, des cris étouffés, des pleurs, une gifle. Quand enfin, elle se dégagea, il se leva, encore raide, prendre une douche.
S’en suivit une discussion, des mises au point conclues par :
Lui : Nous sommes parents mais aussi mari et femme.
Elle : Ton sexe, qu’est-ce que tu as fait ?…
Lui : Je t’aime, j’ai envie de toi, c’est tout.
Elle ne sut trop quoi dire. Chacun alla de son côté du lit.
Il testa différentes pilules, chacune avait ses avantages et ses inconvénients. Elle finit par découvrir les fameux cachets, lui flanqua à la figure et clôt par : terminé, tes « séances de torture ».
Il tenta le dialogue. Ce manque de naturel ne lui convenait pas. Il rétorqua qu’un temps d’adaptation lui était nécessaire suite à la diète qu’elle lui avait imposée. Elle fit mine de trouver sa remarque dénuée de sens et vaqua à ses occupations.
Sa secrétaire et lui, malgré ce qui avait été convenu au départ, ne purent résister bien longtemps à l’appel des corps. Ni l’un, ni l’autre ne se projetaient dans un avenir ensemble.
Lui, continuait à culpabiliser, se rassurant comme il le pouvait et notamment en remontant au créneau régulièrement auprès de sa femme qui elle, de son côté se résignait mal, lorsqu’elle ne parvenait pas à s’échapper.
Elle en avait plus que mare de ses pilules !
Elle lui proposait de se résigner, d’autant plus qu’il ne voulait pas consulter un thérapeute de couple.
Il essayait de prendre sur lui, mais il commençait à lui en vouloir. Tout ça c’était de sa faute à elle ! C’est elle qui lui avait imposé cette abstinence. C’est elle qui l’avait poussé dans les bras d’une autre.
Il supportait de moins en moins cette situation d’autant plus qu’il voyait ses enfants déborder de sensualité. Leur fille était majeure maintenant et le clamait haut et fort. Leur mère avait de moins en moins d’emprise sur leur vie et s’inquiétait, rejetant sur son mari leur légèreté. Elle avait des enfants volages et en était consternée. « Pas étonnant avec un père obsédé ! » lui lançait-elle.
Il avait fait d’elle une mauvaise mère. Elle lui en voulait terriblement pour ça.
Les enfants partis construire leur avenir, c’était devenu invivable à la maison.
Sa secrétaire, de son côté, divorçait. Il y pensait sérieusement lui aussi et proposa à Maman une séparation de corps pour le moment.
Leur fils était sur le départ pour l’Australie, un poste d’ingénieur l’attendait. Leur fille, qui serait bientôt avocate, s’installait elle, avec une amie, dans une autre région.
Maman aurait pu en perdre la tête. Mais pas du tout ! Maman sembla heureuse pour eux, des enfants en pleine santé, ambitieux et aimant la vie. Elle proposa à Papa de divorcer. « Pourquoi attendre ? Tu vois bien que plus rien n’est possible entre nous » Lui avait-elle répondu.  
Et ils divorcèrent…
Quelques années plus tard, Papa avait créé un cabinet comptable avec sa secrétaire. Maman, quant à elle, s’était installée avec son amour de jeunesse, qui lui, ne s’était jamais marié. Alors que leur histoire, à l’époque, semblait scellée, il avait décidé de partir en Australie, et oui !, elle n’avait pas voulu le suivre, ainsi avait pris fin cette belle histoire. Il était revenu cinq ans plus tard. Il l’avait retrouvée et reconquise alors qu’elle attendait sa fille. Officiellement, ils venaient tout juste de se retrouver.
Ah, l’amour….
Bien à vous, Aline 




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessous ( le rectangle blanc )
2) Si vous avez un compte Google, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire :
3) Sinon, dans la même liste déroulante Commentaire: Sélectionner le profil;
Choisissez l'option Nom/URL saisir seulement votre Nom qui apparaitra au début de votre texte (pas besoin de saisir une URL)
3) Cliquer sur Publier.